Cafam 2017-2018-2019-2020
CAFAM 2024
Cafam 2024 compte rendu version finale (1.05 Mo)
CAFAM 2024
Conférence Annuelle des
Fédérations et Associations Mycologiques
Les 28 et 29 mai à Saint-Bonnet-le-Château (Loire)
De gauche à droite (arrière-plan) : Claudy JOLIVET, Matthieu JERUSALEM, Brigitte VIGNOT, Christian TARBY.
De gauche à droite (premier plan) : Yves COURTIEU, Joseph PUCCINI, Gilles MABON, Bart BUICK, Robert CAZENAVE, Aurélie SANCHEZ, Jean REGAZZONI, Patrice LAINE, Alain FAVRE, Olivier DAILLANT, Yves CESTAC, Daniel SUGNY
CAFAM 2024 organisée par la Fédération Mycologique de l’Est (FME)
Secrétaire de séance : Christian TARBY (FME)
Sommaire
Sommaire : ………………………………………………………………………………………………… 2
Liste des participants : ............................................................................................................... 3
Ordre du jour : ....................................................................................................................... 3-4-5
Ouverture de la séance – Tour de table : ……………………………………………………… 5
Première réunion plénière du PNA (plan d’action national) Vieux Bois –
Petit coup de projecteur sur le CEN Haute Auvergne – Patrice Laine : ……... 6-7-8
Bilan 2015 à 2023 des intoxications relevées par la Mycoliste
– Point sur le fichier Expos de la FMBDS – Yves Courtieu : ………………. 9-10-11-12
Présentation du projet d’ouvrage « Histoire de la mycologie française »
de Pascal Hériveau – Gilles Mabon : ……………………………….…………………………... 13
Synthèse des résultats de l’étude de la fonge de la RNR des tourbières
de Frasne-Bouverans, secteur du Forbonnet – Daniel Sugny : …………….. 3-14-15
.
Projet Funif-Coll – Matthieu Jérusalem : …………………………………………….…….... 16
Protection d’espèces de champignons au niveau national – Yann Sellier (présentation par Daniel Sugny) : ……………………………………………………………………………………………………16-17
Relance des relevés mycologiques sur les placettes ONF –
Projet RENECOFOR – Olivier Daillant : …………………………………………. 18-19-20-21
Liste rouge nationale – Parution du premier tome : liste rouge des
tricholomes, bolets et lactaires – Alain Favre – Claudy Jolivet : ………………. 21-22
Présentation de la FAMM/Ses activités – Joseph Puccini : …………....... 23-24-25-26
Récapitulatif des activités du Réseau myco du Sud-ouest – L’avenir
de la mycologie pour les mycologues amateurs – Brigitte Vignot : ………………… 27
Présentation de l’état d’avancement du projet SMF soumis à l’INPN-MNHN
– Bart Buick : ……………………………………………………………………………………………… 28
Point sur les prochaines rencontres mycologiques de Centre-Val de Loire
et sur le réseau mycologique régional – Présentation de l’Atlas français des
champignons du sol qui vient de paraître – Claudy Jolivet : ……………………… 29
Résumé de la sortie du 29-05-2024 après midi – Tous les participants : ….. 29-30
Evaluation de la rencontre CAFAM 2024 : ................................................................... 30
Annexe I : résumé du projet de publication de Pascal Hériveau : …………….. 31-32 Annexe II : lettre information Funif-Col : ………………………………………………... 33-34 Annexe III : liste des espèces fongiques observées et leur écologie : …….. 35-36-37
Liste des participants
ADONIF : Association pour le développement des outils naturalistes et informatiques pour la fonge : Aurélie SANCHEZ.
FAMM : Fédération des Associations Mycologiques Méditerranéennes : Joseph PUCCINI.
FAMO : Fédération des Associations Mycologiques de l’Ouest : Gilles MABON.
FMBDS : Fédération Mycologique et Botanique Dauphiné-Savoie : Yves COURTIEU et Alain FAVRE.
FME : Fédération Mycologique de l’Est : Daniel SUGNY, Jean REGAZZONI et Christian TARBY.
INRAE et SMF : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement – Société Mycologique de France : Claudy JOLIVET.
MNHN : Muséum National d’Histoire Naturelle : Matthieu JERUSALEM.
OM : Observatoire mycologique : Olivier DAILLANT.
RMSO : Réseau mycologique du Sud-ouest : Robert CAZENAVE, Yves CESTAC et Brigitte VIGNOT.
SMF : Société Mycologique de France : Bart BUYCK et Patrice LAINÉ.
Ordre du Jour prévu par les organisateurs
CAFAM 2024
Saint-Bonnet-le-Château (Loire) – Hôtel-Restaurant le Befranc
28 et 29 mai 2024 : Organisateur FME
Mardi 28 mai
14 H : tour de table.
14 H 30 : Patrice lainé (SMF)
- Première réunion plénière du PNA Vieux bois (20 min).
- Petit coup de projecteur sur le CEN Haute Auvergne, que la SMF soutient (10 min).
15 H : Yves Courtieu (FMBDS)
- Bilan 2015 à 2023 des intoxications relevées par la Mycoliste (20 minutes).
- Point sur le fichier expos de la FMBDS (20 minutes).
15 H 40 : Gilles Mabon (FAMO)
- Présentation du projet d’ouvrage "Histoire de la Mycologie Française " de Pascal Hériveau (20 minutes).
16 H : Daniel Sugny (FME)
- Synthèse des résultats de l’étude de la fonge de la RNR des tourbières de Frasne (20 à 30 minutes).
16 H 30 : pose de 15 minutes et photo de groupe.
16 H 45 : Matthieu Jérusalem (MNHN)
- Projet Funif-coll (20 minutes de présentation + 15 minutes de questions / réponses).
17 H 30 : Yann Sellier (FAMO, RNF)
- Mise en protection des espèces fongiques (synthèse présentée par D. Sugny, Yann ne pouvant pas intervenir en direct). Durée : 30 minutes.
18 H : Olivier Daillant et Gilles Mabon (FAMO et Observatoire mycologique)
- Relance des relevés mycologiques sur les placettes ONF - Projet Renecofor (30 minutes).
Mercredi 29 mai, le matin
9H : Alain Favre (FMBDS) et/ou Claudy Jolivet (INRAE et SMF)
- Liste rouge nationale : parution du premier tome liste rouge des tricholomes, bolets, lactaires (30 minutes).
9H 30 : Joseph Puccini (FAMM)
- Présentation de la FAMM et de quelques actions effectuées (15 minutes).
9H 45 : pose de 15 minutes et photo de groupe si pas faite la veille.
10 H : Brigitte Vignot (RMSO)
- Récapitulatif des activités du Réseau mycologique du Sud-Ouest (15 à 20 min).
- Débat sur l’avenir de la mycologie pour les mycologues amateurs (15 à 20 min).
10 H 40 : Bart BUYCK (SMF)
- Présentation de l’état d’avancement du projet SMF soumis à l’INPN-MNHN (15 à 20 minutes).
11 H : Claude Jolivet (INRAE et SMF)
- Point sur les prochaines Rencontres mycologiques de Centre - Val de Loire et sur le réseau mycologique régional (10 à 15 minutes).
- Présentation de l’Atlas français des champignons du sol qui vient de paraître (10 à 15 minutes).
Mercredi 29 mai, l’après-midi
14 H 30
Sortie sur le terrain, entre Périgneux et Chambles, juste après Chenereilles, dans des bois mêlés, à 750 m d’altitude.
Nota : Pierre Roux a prévu de participer à cette sortie.
En fin d’après-midi, possibilité de traiter les sujets qui n’auraient pas pu l’être avant et réunion de clôture.
Déroulement de l’ordre du jour
Mardi 28 mai
Ouverture de la séance à 14 h par Daniel Sugny représentant de la FME (Fédération organisatrice).
Il remercie les 15 personnes présentes (en plus de lui-même) et fournit quelques informations sur la « logistique » et sur quelques très légères modifications dans l’ordre du jour.
Ensuite, il est procédé au traditionnel tour de table où chaque participant se présente.
La première intervention, conformément à l’ordre du jour établi, peut alors se dérouler.
Première réunion plénière du PNA (plan national d’action) Vieux Bois - Petit coup de projecteur sur le CEN Haute Auvergne, soutenu par la SMF.
Patrice LAINE
- PNA Vieux Bois et forêts subnaturelles 2023 – 2025
Comité de pilotage du 9 avril 2024
- 3 phases :
Sous la tutelle de la PBF, Plateforme pour la diversité de la forêt.
- 2023 – 2024 : Une phase de diagnostic.
(En étroite collaboration avec le groupe cartographie des forêts subnaturelles du MTEC créé en 2020).
- Préciser l’état des connaissances sur les définitions des concepts en jeu.
- Identifier les cortèges d’espèces intéressantes susceptibles de bénéficier de ce PNA.
- Analyser la connectivité des trames de vieux bois entre elles et avec les forêts subnaturelles.
- Identifier les outils et mesures de gestion favorables aux espèces et habitats ciblés susceptibles d’être intégrés dans le PNA.
- Identifier des indicateurs et méthodes de suivi.
- 2024 – 2025 : Une phase de rédaction confiée au GIP Ecofor.
- Fin 2025 : Une phase de validation avec examen du PNA par le CNPN (Conseil National de protection de la Nature).
B) Composition du comité scientifique :
Ingrid Bonhême, IGN
Christophe Bouget, INRAE
Jérôme Buridant, Université de Picardie
Fabrice Coq, ONF
Gilles Corriol, CBN Pyrénées et Midi-Pyrénées
Véronique Dassié, CNRS
Guillaume Decocq, CNRS
Philippe Deuffic, INRAE
Jean-Luc Dupouey, INRAE
Marc Fuhr, INRAE
Nicolas Gouix, CEN Occitanie/École d’ingénieurs de Purpan
Anna Hover, CBN Sud-Atlantique
Fabien Laroche, INRAE
Laurent Larrieu, CNPF-CRPF Occitanie/INRAE
Loïs Morel, Institut Agro Rennes-Angers
Yoan Paillet, INRAE
Vanessa Py, CNRS
Jean-Marie Savoie, École d’ingénieur de PURPAN
Caroline Scotti-Saintagne, INRAE
C) Les 5 ateliers du comité scientifique :
Ils ont été constitués pour agir selon les deux axes suivants :
- les forêts subnaturelles à protection forte,
- les trames de vieux bois.
Ce sont les travaux de ces ateliers qui ont été présentés lors de ce COPIL Les travaux sont en cours. Aussi le COPIL n’a pas eu à se prononcer, sinon à commenter. C’est seulement lors de la prochaine séance, à l’automne 2024, que des décisions seront prises sur la base des « livrables » qui devront être soumis au COPIL, 3 semaines avant la tenue de la session.
Atelier sémantique :
Débats en cours. En relation avec les travaux de l’atelier cartographie cité plus bas.
Atelier espèces cibles :
Travaux en cours. Typologie des espèces cibles (valeur patrimoniale, espèces menacées, bioindicateurs, etc.) à croiser avec leurs autécologies.
Atelier continuité écologique :
Concerne les trames de vieux bois. Il s’agit de définir les différents éléments qui les constituent (réserves, îlots de sénescences, libre évolution) pour les protéger ou en stimuler la création, et de déterminer les méthodologies d’analyse et de mesure de la continuité écologique.
Le réseau FRENE Rhône Alpes est considéré comme inspirant, pour associer les propriétaires forestiers à la démarche. Le réseau FRENE Rhône Alpes (FoRets en Évolution Naturelle) est présenté : peu d’oppositions des propriétaires, qui insistent sur le volontariat (= demandes financières, aides natura 2000, mesures compensatoires) et la confidentialité des données. Accord de divers participants du copil sur la nécessité du levier aide financière.
À noter qu’un projet de label bas carbone est actuellement soumis au MTECT par les fédérations des PBR et des CEN, visant les forêts en libre évolution.
L’objectif est de le coupler avec une ORE (Obligation Réelle Environnementale).
Atelier :
Établir un sociogramme des différents acteurs susceptibles d’agir dans le sens du PNA, inventorier les moyens pour les activer, compléter par un volet juridique.
Atelier cartographie :
Une « précartographie » a été présentée, visant à concilier les vues divergentes de l’IGN et de l’INRAE.
Futurs ateliers.
Plan d’action proprement dit.
Atelier évaluation.
2) Le projet SYLVAE
Rappel : le projet SYlvae, initié par le CEN Haute Auvergne, a pour objectif de se porter acquéreur de parcelles de forêts afin d’en empêcher l’exploitation et de les maintenir en libre-évolution.
La SMF a adhéré en 2023 à ce projet.
Son développement se déroule suivant deux axes portés par les fédérations des CEN :
- extension au niveau national du projet SYLVAE,
- création d’un label bas carbone attaché aux bois en libre évolution.
Bilan 2015 à 2023 des intoxications relevées par la Mycoliste
Point sur le fichier expos de la FMBDS
Yves COURTIEU
- Statistiques de la Mycoliste des années 2015 à 2023
Yves Courtieu rappelle une nouvelle fois que Mycoliste représente un réseau mettant en relation les centres antipoison de France et de Belgique avec des mycologues confirmés inscrits pour identifier les champignons incriminés dans les intoxications. La reconnaissance de l’espèce responsable permet ensuite à ces centres de prendre les mesures médicales adaptées.
Il informe son auditoire que dans le cadre de ce réseau, il a collecté et tenu les statistiques sur les intoxications pendant 8 ans, soit de 2015 à 2023 et qu’il a recueilli 5800 données au cours de cette période. Peu d’évolution notable d’une année sur l’autre. Des conclusions fiables peuvent donc désormais être tirées de cette masse de chiffres. Aussi envisage-t-il de mettre fin à son étude.
Il signale, enfin, encore et toujours, à toutes les personnes susceptibles d’être intéressées par les différents résultats liés aux intoxications que le fichier comprenant l’ensemble des statistiques réalisées par ses soins est téléchargeable sur le site de la FMBDS (fmbds.org, onglet Toxicologie,) et est utilisable librement. Des documents chiffrés fort utiles et intéressants qui ont servi, par exemple, à des étudiants en pharmacie pour illustrer leurs thèses sur les intoxications par les champignons.
Un bilan de toutes ces données accumulées pendant 8 ans permet de tirer de nombreux enseignements dont les suivants :
- Plus de la moitié des cas correspondent, en fait, à de fausses alertes. Ils concernent généralement des enfants dits exposés aux champignons et qui n’ont nullement ingéré, mais seulement touché voire éventuellement croqué sans avaler des espèces, à l’école ou dans le jardin familial.
Ce point en dit long sur l’ignorance de la population sur les vrais dangers d’intoxication. Une intoxication ne peut avoir lieu qu’en cas d’ingestion de champignon toxique.
-
-
- Cas de fausse alerte : 54,00 %
- Cas bénins : 25,00 %
- Cas sérieux : 16,70 %
- Cas graves : 2.35 %
- Cas très graves : 1,33 %
-
-
- Parmi les cas d’indisposition, plus de la moitié concernent en fait des indigestions dues à différentes causes :
- Quantités consommées très exagérées.
- Consommation de champignons très altérés, pourris, parasités, etc.
- Consommation de champignons mal cuits, voire crus.
- Consommation de la totalité d’un champignon comprenant des parties indigestes, par exemple consommation de pieds de Macrolepiota procera.
- Les espèces les plus incriminées dans les cas réels d’intoxication sont les suivantes :
Agaricus xanthodermus |
288 |
Chlorophyllum brunneum |
125 |
Entoloma sinuatum |
118 |
Macrolepiota procera |
96 |
Omphalotus illudens |
89 |
Amanita phalloides |
56 |
Rubroboletus satanas |
56 |
Boletus edulis |
51 |
Clitocybe dealbata |
41 |
Clitocybe nebularis |
37 |
Amanita muscaria |
36 |
La présence de champignons comestibles dans cette liste s’explique en fait par des indigestions de nature variée, comme rappelé ci-dessus. À noter que les deux « champions », Agaricus xanthodermus et Chlorophyllum brunneumcorrespondent à une forte expansion de ces deux espèces ces dernières années.
- Mise à disposition d’un fichier numérique « expos » par la FMBDS
Dans une seconde phase, Yves Courtieu évoque, à nouveau, le fichier « expos » que la FMBDS met en ligne gracieusement à la disposition de chaque association mycologique de France et précise la procédure à suivre par chacune d’elles pour en faire la demande.
Toutes les précisions utiles ont déjà été communiquées dans le compte rendu de la CAFAM 2023, mais s’agissant d’un service particulièrement intéressant pour toutes les associations mycologiques pour organiser leur exposition, nous en retraçons ici, bien volontiers, les grandes lignes.
Le fichier numérique, proposé par la FMBDS, comporte 4556 fiches dont 3400 environ sont illustrées par une photo. Ces photos proviennent de plus de 110 mycologues français. On y retrouve, entre autres, de nombreuses photos utilisées dans l’ouvrage de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux : Le Guide des Champignons France et Europe, aimablement mises à disposition par leurs auteurs. D’autres contributeurs sont membres de MycoDB, site avec lequel les mycologues ont largement collaboré dans la mise en place de ce fichier. Le site des Mycologues associés est encore un autre important contributeur. La liste des contributeurs est affichée sur la page d’accueil du site donnant accès à ces fiches.
Ce fichier, même s’il est encore susceptible d’améliorations, est maintenant opérationnel et utilisé d’ores et déjà par trente-cinq sociétés.
Il est destiné à servir et, selon la volonté unanime à la fois de leurs concepteurs ainsi que de tous les mycologues ayant fourni leurs photographies, à servir gratuitement, à tous ceux qui en verront l’intérêt.
Si une société est intéressée, la procédure consistera à créer un compte pour cette société demandeuse sur un site appelé expos.fmbds.org auquel il peut être donné accès par login et mot de passe.
Les fiches de cette société peuvent être personnalisées en apposant sur la fiche elle-même, en haut et à droite, le logo de ladite société. L’accès aux fiches personnalisées, rendu opérationnel au reçu du logo de la société demandeuse s’obtient également, une fois connecté au site expos.fmbds.org, par un second jeu de login et mot de passe.
Il faut donc deux logins et deux mots de passe pour bénéficier de la possibilité de télécharger des fiches.
La création du compte, la mise en place des login et mot de passe nécessaires est faite par le concepteur, qu’il suffit de contacter à cet effet :
Mail à president@fmbds.org ou par téléphone à 06 06 42 53 22.
Nous vous présentons sur la page suivante, deux exemples des fiches qui peuvent être téléchargées : la première est au format A6, l’autre est une page A4 comportant quatre fiches sur la même page. Le choix des fiches figurant sur une page A4 peut être entièrement libre.
Évidemment, toute suggestion de correction ou d’ajout de fiche de la part de tout utilisateur est la bienvenue, le fichier initial ayant été volontairement conçu comme évolutif et interactif.
Présentation du projet d’ouvrage « Histoire de la Mycologie Française » de Pascal Hériveau.
Gilles MABON
Dans un premier temps, Gilles Mabon présente la FAMO (Fédération des Associations Mycologiques de l’Ouest) dont le siège social se situe à Nantes et qui regroupe les associations mycologiques des régions Basse-Normandie, Bretagne, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes.
Il en trace un bref historique en précisant que sa création remonte à 2007 sous l’impulsion d’Alain Belloq et évoque ses différentes activités et ses projets fédérateurs, notamment le bulletin qui regroupe des articles scientifiques et présente la vie des différentes associations.
Puis, dans un deuxième temps, Gilles Mabon s’étend longuement sur le projet d’ouvrage « Histoire de la Mycologie Française » de Pascal Hériveau, un projet qui a reçu le soutien unanime de sa propre Fédération, la FAMO.
Il s’agit plus précisément d’un dictionnaire bibliographique de tous les mycologues français des plus anciens aux plus récents. Une fiche est établie pour chaque mycologue répertorié avec évidemment sa biographie, mais aussi ses sources, ses publications ainsi que ses éventuelles créations d’espèces.
C’est évidemment un travail colossal commencé il y a plus de 30 ans et qui comprend actuellement environ 2200 pages.
Se posent évidemment actuellement les problèmes compliqués de diffusion (édition papier irréaliste – site internet ?) et de financement (partenaires – éditeur(s)).
En tout cas, vous pourrez prendre connaissance plus en détail de ce faramineux projet par son auteur lui-même dans l’annexe I.
Synthèse des résultats de l’étude de la fonge de la RNR des tourbières de Frasne-Bouverans, secteur du Forbonnet.
Daniel SUGNY
Étude sur 2 ans (2022 et 2023) confiée à la FME par la Communauté de communes du Plateau de Frasne et du Val du Drugeon. Cette étude a été conduite par des mycologues de Bourgogne-Franche-Comté.
Financement : Région Bourgogne-Franche-Comté.
Besoins : recueillir un maximum de données sur la fonge dans les habitats boisés du complexe tourbeux du Forbonnet (111ha, alt. 830 à 850 m).
Localisation du site : entre Pontarlier, dans le Doubs (25) et Champagnole, dans le Jura (39).
Différents habitats retenus pour l’étude : la boulaie pubescente, la pinède à crochets, la pessière à sphaignes mêlée de sapins blancs et de quelques feuillus, la tourbière active et les habitats herbeux.
Quelques plantes caractéristiques de ces habitats : la Drosera à feuilles rondes (dans la tourbière active), l’Airelle rouge (dans la pessière à sphaignes et la pinède à crochets), le Lycopode à rameaux annuels (dans la pessière à sphaignes), la Callune et les myrtilliers formant des landes (dans tous les habitats sauf les milieux herbeux).
Quelques éléments du bilan de l’étude :
- 2600 récoltes dont les plus anciennes datent de 1982 (les relevés sur 2 ans ont été complétés par des relevés anciens).
- 887 espèces de champignons.
- Habitat le plus riche en espèces : la pessière à sphaignes mêlée de sapins blancs, qui est l’habitat présentant la plus grande superficie, la plus grande diversité d’arbres et des sols très variés, des plus calcaires aux plus acides.
- Cortinarius speciosissimus, Lactarius tabidus et Russula betularum figurent à la fois parmi les espèces les plus abondantes et les plus fréquentes du site.
- 17 espèces nouvelles pour la fonge comtoise.
- 6 espèces nouvelles pour la fonge du Doubs.
Nota : la fonge comtoise comptait presque 7000 espèces fin 2023 et le département du Doubs est le plus riche en espèces.
Quelques clichés d’espèces nouvelles pour la fonge comtoise : Amanita olivaceogrisea, Hygrophorus exiguu.
Quelques clichés d’espèces nouvelles pour la fonge du Doubs : Mycena oregonensis, Neocucurbitaria rhamni.
Espèces figurant dans la Liste rouge des champignons supérieurs de Franche-Comté en catégorie CR, EN et VU. Sur les 887 espèces observées dans la RNR : 5 sont en CR, 66 sont en EN, 52 sont en VU.
Cliché d’une espèce en catégorie CR : Russula helodes
Cliché d’une espèce en catégorie EN : Amanita citrina var. intermedia
Cliché d’une espèce en catégorie VU : Cortinarius speciosissimus
Indice patrimonial de la RNR pour la fonge : le calcul de l’indice patrimonial est basé sur le nombre d’espèces menacées dans chaque catégorie. Il reflète la proportion d’espèces patrimoniales par rapport au nombre total d’espèces observées. Indice patrimonial de la RNR : 60 => Niveau élevé.
Cotation sur la base des espèces qui déterminent les ZNIEFF pour la fonge : les espèces qui déterminent les ZNIEFF sont liées à des habitats à fort degré de naturalité et à haute valeur patrimoniale. Valeurs de cotation : 1, 5, 20 ou 50.
La valeur minimum pour qu’un site soit éligible en ZNIEFF est de 100. Le site est coté à 1122, ce qui est exceptionnel.
Aperçu du cortège fongique des différents habitats :
Boulaie pubescente : Lactarius scoticus, Russula gracillima, Leccinum holopus, Russula claroflava.
Pinède à crochets : Cantharellula umbonata, Russula paludosa, Suillus variegatus, Tricholoma inamoenum.
Pessière à sphaignes : Gomphus clavatus, Russula decolorans, Entoloma nitidum, Galerina sphagnorum, Lactarius lignyotus, Arrhenia onisca.
Tourbière active : Ascocoryne turficola, Hygrocybe cantharellus, Cortinarius palustris var. huronensis, Bovista paludosa.
Habitats herbeux : Cuphophyllus colemannianus, Hygrocybe radiata, Lycoperdon utriforme, Hygrocybe persistens, Peltigera neopolydactyla, Pseudoclitocybe expallens.
Quelques espèces à préférences écologiques très marquées : Russula queletii, neutrophile à calcicole – Amanita virosa, acidicline à acidiphile, Cytidia salicina, le plus souvent montagnarde.
Les champignons lichénisés ou lichénicoles :
La pinède à crochets, qui héberge peu de « gros champignons », est très riche sur le plan des champignons lichénisés et lichénicoles. Elle héberge 2 espèces rares, patrimoniales d’intérêt national :
- Bachmanniomyces punctum, lichénicole, observé à la base d’un épicéa, sur Cladonia digitata,
- Biatora subduplex, champignon lichénisé observé sur les écorces et branches de pins à crochets.
Conclusion : ce site, qui possède une fonge très diversifiée, un très bon niveau de naturalité et une très haute valeur patrimoniale pour la fonge, est un joyau, mais il est fragile. Ses différents habitats sont plutôt en bonne santé, sauf la pinède à crochets, adaptée aux conditions climatiques de l’étage subalpin, qui est en limite d’aire de répartition. L’état de conservation de la RNR sera conditionné par sa gestion, sa fréquentation et l’incidence du dérèglement climatique sur les habitats humides et tourbeux.
Projet Funif-col
Matthieu JÉRUSALEM
Mathieu Jérusalem souligne, avec une réelle satisfaction, le vent d’optimisme qui souffle actuellement sur la mycologie française avec des projets aboutis, tels que, par exemple, la publication de la liste rouge IUCN d’une partie de la fonge française et la parution de l’excellent ouvrage de l’Atlas français des champignons du sol.
Dans cet heureux contexte, il présente, de façon détaillée, un autre projet, actuellement en cours de réalisation, le projet « Funif-Col », initié en septembre 2023 par le Museum National d’Histoire Naturelle de Paris.
Il en rappelle évidemment l’objectif essentiel qui est celui d’obtenir des séquences moléculaires de référence fiables pour l’ensemble des types fongiques français.
Nous vous communiquons en annexe II, in extenso, sa lettre d’information sur ce séduisant programme Funif-Col.
Protection d’espèces de champignons au niveau national
Yann SELLIER (présentation par Daniel SUGNY)
Mise en place d’un travail de préparation des listes d’espèces végétales et fongiques à proposer à la protection en France.
Origine de la démarche : 1 stagiaire sur cette thématique en 2017 - Liste rouge nationale de la flore vasculaire en 2018et prise en main du sujet par le GT Flore Fonge Habitat 2019.
État actuel (flore vasculaire) : cette liste désigne 418 taxons, dont 406 espèces depuis 1982 - 817 espèces en France dont 164 en métropole menacées (LR UICN) et non protégées – Renforcement de la nécessité de mettre à jour cette liste pour la flore et de la créer pour la fonge.
Étapes de l’élaboration des lignes directrices :
Rédaction par le Groupe de travail flore, fonge habitat naturel (GTFFHN) du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), corrections relecture par les CBNs, modification par le GTFFHN du CNPN, correction, remarques, relecture par : CBNs, Office Français de la Biodiversité (OFB), Unité Patrimoine Naturel (UAR patrinat), Association Française de Lichénologie (AFL), ADONIF, l’Union International pour la Conservation de la Nature (UICN), Société mycologique de France (SMF), Fédération France Orchidées (FFO), Société Botanique du Centre Ouest (SBCO), Fédération Mycologique de l’Est (FME), Fédération des Associations Mycologiques de l’Ouest (FAMO) et différents experts.
250 propositions d’amélioration
Solidification par le GTFFHN du CNPN, autosaisine du CNPN plénier et enfin avis du CNPN plénier 20/12/2023.
Les lignes directrices :
Maitre d’ouvrage : Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN).
Maitre d’œuvre : Groupe de travail Flore, Fonge, Habitats naturels et Conservatoires Botaniques Nationaux.
Coordination : Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT), Direction de l’eau et de la biodiversité, Bureau ET3 Chasse, faune et flore sauvage.
Exclusion systématique : les taxons Néophytes (introduits après 1492), les taxons marins.
Exclusion après avis des experts : incertitudes taxinomiques (délimitation incertaine), taxons dont la distribution est incertaine, taxons d’appréciations divergentes (selon territoires, experts) et hybrides.
Sont inclus : les taxons autochtones, les taxons évalués ou non sur les différentes listes rouges (mondiale, biogéographiques, européenne, française et régionales), les taxons éteints à l’échelle mondiale ou disparus à l’échelle régionale : catégories EX (espèce disparue), EW (espèce disparue, survivant uniquement en élevage), RE (espèce disparue au niveau régional) des listes rouges), ainsi que les archéophytes (taxons introduits avant 1492).
Critères potentiels pour la vulnérabilité :
Le type biologique et le cycle de vie (taxon annuel, bisannuel, vivace, longévité, etc.), l’effectif des populations, la dynamique de la population, l’habitat, le milieu ou le support de vie de l’espèce, la marginalité écologique, sa capacité de dispersion, sa répartition géographique (isolat, limite d’aire…), son statut trophique (mode de vie), notamment pour la fonge, son niveau de spécialisation (pollinisation, habitats, durée de vie des graines dans le substrat, interactions spécifiques, sensibilité au changement climatique…), la régression ou le déclin des populations ou de leurs habitats, l’originalité taxinomique (par ex. seule espèce en son genre, etc.).
Rôle essentiel du taxon dans l’écosystème : Le rôle essentiel du taxon dans l’écosystème est une fonction particulière du taxon considéré. Une attention particulière sera portée aux taxons desquels dépendent très fortement d’autres espèces, dont des taxons protégés ou menacés (pollinisation, reproduction, alimentation, hôte, symbionte, etc.).
Démarche « Habitats menacés » : Les pressions et menaces pesant sur les habitats et micro-habitats sont des enjeux devant être pris en compte tant pour les taxons qu’ils abritent que pour ces milieux eux-mêmes. Toutefois, il peut exister un décalage de cohérence entre niveaux de menace pour les taxons et pour les habitats. Devront être évalués les taxons non retenus dans la démarche initiale, mais qui présentent un aspect caractéristique de l’habitat concerné avec un indice de fidélité élevé (Chytry et al. 2002).
Les Groupes de Travail Nationaux :
Pilotage : 1 Expert GTFFHN, 1 Expert des CBNs, 1 animateur de Patrinat.
Constitution : experts des CBNs (représentant leur structure titulaire/suppléant) - Chercheurs, naturalistes (intuitu personae).
Nombre : autour de 20 experts en présentiel à chaque réunion - Subdivision GTN fonge d’un côté et lichen de l’autre pour les réunions de travail. Possiblement aussi pour les characées d’un côté et les bryophytes de l’autre.
Le calendrier :
2024-2025 : interprétation des lignes directrices en méthodologie adaptée à chaque taxon, et édition d’une liste d’espèces par groupe taxinomique à proposer à la protection.
2025 et suite : déclinaison des méthodologies au niveau des régions (outre-mer compris) par les DREAL et les DEAL, pour établissement de listes régionales de protection des espèces.
Relance des relevés mycologiques sur les placettes ONF
Projet Renecofor
Olivier DAILLANT (Observatoire mycologique)
En information préalable, rappelons que RENECOFOR est un réseau d’information et de suivi de 102 sites permanents en France sur au moins 30 ans. Il a été créé par l’office national des forêts (ONF). 34 pays européens disposent actuellement d’un réseau de suivi des écosystèmes forestiers. Une réactivation pourrait être envisagée…
Olivier Daillant communique une base pour des relevés mycologiques sur le réseau Renecofor et livre quelques éléments de réflexion pour des relevés mycologiques sur ce réseau.
Introduction
L’ONF, comme les mycologues qui se réunissent sur une base annuelle dans le cadre de la CAFAM, semblent désireux de relancer le travail d’inventaire mycologique de placettes gérées par l’ONF dans le cadre du réseau RENECOFOR (ou celui ayant pris sa succession). Le temps est donc venu de donner suite à ce désir, en termes d’organisation.
Partenaires/Prospecteurs
Une « professionnalisation » était souhaitée par l’ONF. Cette solution serait sans doute la meilleure du strict point de vue des résultats. Néanmoins, les mycologues professionnels en mesure de réaliser ce travail sont très peu nombreux et très sollicités. Il est peu réaliste de prévoir que l’un d’entre eux puisse dégager suffisamment de temps pour se charger d’un tel travail sur l’ensemble du territoire.
Il est peut-être envisageable de travailler en coopération avec des représentants du réseau mycologie de l’ONF : le responsable du réseau est néanmoins très occupé et cette coopération sera sans doute limitée.
La coordination administrative et technique serait assurée par l’Observatoire Mycologique, solution « par défaut » dans la mesure où il apparaît qu’aucune autre structure ne se porte volontaire.
Placettes
Nombre à définir (10 à 20).
Priorité aux placettes déjà prospectées, si possible. Une liste de ces placettes sera diffusée aux participants potentiels.
Surface prospectée : partie intérieure de la placette (clôturée) ; possibilité de noter, sur une base facultative, les espèces relevées sur la zone périphérique (surtout en présence d’espèces intéressantes).
Durée : sur 3 ans.
Nombre de relevés : minimum 4 par an avec possibilité d’aller au-delà.
Dates imposées : non.
Taxons
Basidiomycètes terricoles non lichénisés ; grands ascomycètes (pézizes, morilles, etc.) ; « aphyllophorales » ? (facultatifs).
Référentiel : Taxref.
Abondance : oui, mais à définir.
Statut nutritionnel : oui si connu. Celui-ci sera pris en compte au stade du rapport final et ne doit pas nécessairement être noté par le prospecteur.
Substrat : oui.
Fiabilité des déterminations : organisation d’intercomparaison des déterminations. L’intercomparaison de 2012 en marge du congrès de la SMF à Nancy avait été relativement bien organisée. Un exercice de ce type pourrait être prévu sous réserve d’aménagements mineurs, par exemple à la fin de la première année de prospection.
Cas particuliers et difficultés
Lors des premières campagnes de relevés, des « interventions d’urgence » avaient été prévues et budgétisées en cas d’empêchement ou de carence d’un mycologue.
Je propose de maintenir le principe tout en faisant le nécessaire pour que ces interventions soient le moins fréquentes possible.
Par ailleurs pour les taxons difficiles ou incertains, une étape de vérification et de validation avait également été prévue. Elle doit sans doute être maintenue (là, l’intervention d’un professionnel est envisageable) ; se pose ici la question de la biologie moléculaire qui est aujourd’hui plus accessible qu’à la fin du dernier millénaire.
Défraiement
Une rémunération pour la société mycologique était le principe lors des campagnes entre 1996 et 2004, le travail du mycologue restant bénévole sous réserve du remboursement des frais de déplacement.
Lors des premières campagnes, cette aide aux sociétés mycologiques se traduisait par le financement de matériel, microscope ou ordinateur. Le problème est qu’actuellement presque toutes les associations disposent d’un tel matériel. Une autre option avait été le financement d’une expédition mycologique dans des contrées peu prospectées. Bien que correspondant à une réalité, cette solution n’est peut-être plus dans l’air du temps.
Alors ? Une rémunération pure et simple de l’association ? Ou quand même une rémunération directe du mycologue prospecteur ? Autre chose ?
Lors de la rencontre à Fontainebleau le 28 mars, le responsable semblait penser que la rémunération des sociétés mycologiques (qui feraient ce qu’elles veulent dans la foulée) était la solution la plus simple.
Transmission des données
Les modalités de transmission en ligne (avec un masque commun) seraient peut-être une bonne option.
Les données pourraient aussi être intégrées dans une base telle que celle mise en place au Museum d’histoire naturelle, sous réserve d’adaptation. Il faudra en tout état de cause prévoir des sauvegardes sur des supports indépendants des nuages de l’internet.
Le responsable ONF accorde beaucoup d’importance à la transmission des données et au stockage sur une base. Un budget serait disponible pour le développement de cette base.
Exploitation des résultats
Une attention particulière devra être apportée à cette phase, qui avait été le point faible des campagnes précédentes. Il faudra donc prévoir le budget nécessaire et encadrer les délais (ici aussi on pourra envisager l’intervention d’un professionnel ou « quasi professionnel », type doctorant).
Durant l’été, une circulaire sera diffusée aux participants potentiels, en indiquant :
- les placettes déjà prospectées dans le passé,
- les conditions financières et administratives proposées.
Les relevés pourraient donc déjà commencer dès cet automne.
Il est possible de consulter la carte des placettes RENECOFOR ainsi que l’adresse d’un site offrant une brève description du réseau sur la page ci-après.
http://www.gip-ecofor.org/f-ore-t/renecofor.php
Situation des placettes RENECOFOR ; il est possible que l’une ou l’autre d’entre elles ne soit plus opérationnelle pour diverses raisons (tempête, etc.)
Mercredi 29 mai
Liste rouge nationale - Parution du premier tome : liste rouge des tricholomes, bolets et lactaires
Alain FAVRE – Claudy JOLIVET
L’établissement d’une liste rouge nationale pour la fonge a pour objectif essentiel de constater et d’évaluer les menaces et les risques d’extinction de certaines espèces à partir de données quantifiées.
Ce projet avait été initié par Régis Courtecuisse, il y a une trentaine d’années puis relayé par la SMF jusqu’en 2014. Il a été poursuivi par un groupe de travail constitué de mycologues français et coordonné par Pierre-Arthur Moreau, alors président de l’association ADONIF qui a développé le projet FongiFrance (https://fongi.fongifrance.fr/).
Un découpage en 3 chapitres avait été opéré :
- Chapitre 1 : bolets, lactaires et tricholomes.
- Chapitre 2 : polypores et cortinaires.
- Chapitre 3 : prairies naturelles.
Tandis que les besoins pour ce projet avaient bien été définis :
- Base de données unique (mailles de 2 * 2 km ), alimentée à l’échelle nationale et comportant un nombre suffisant d’observations (FongiBase).
- Protocole d’évaluation robuste validé par l’UICN.
- Référentiel taxonomique à jour (FongiRef).
- Noms français à jour (réactivation du comité des noms français).
- Interfaces de consultation et d’analyse développées par ADONIF pour mener l’évaluation (FongiStat).
- Calculs géographiques et statistiques.
- Galerie de photographies et des descriptions pour faire connaître les espèces menacées ou quasi menacées.
Le projet comporte 4 phases :
- 1 : mobilisation des données par ADONIF,
- 2 : pré évaluation par le groupe de travail,
- 3 : évaluation puis validation par le groupe de travail et l’UICN,
- 4 : publication du document.
Le premier chapitre a permis d’évaluer 319 espèces de bolets, lactaires et tricholomes sur le territoire métropolitain. A l’issue du processus d’évaluation, 12 espèces ont été classées en catégorie menacées et 16 autres apparaissent quasi menacées. Sur le plan des connaissances, cet état des lieux révèle un manque d’informations pour 25 % des champignons évalués, qui se voient classés en catégorie "Données insuffisantes".
Cette liste rouge des espèces menacées en France est consultable sur Internet :
https://uicn.fr/liste-rouge-champignons-bolets-lactaires-tricholomes/
La parution du premier tome, la liste rouge des tricholomes, bolets et lactaires a d’ailleurs bénéficié d’une très large diffusion dans les médias.
La discussion qui s’en suit, a essentiellement attrait à la révision de la liste dans le temps. Quelle durée ? Certains se prononçant pour 10 ans, d’autres pour 15 ans.
Affaire à suivre.
Joseph PUCCINI. Président de la FAMM.
- Présentation de la FAMM (Fédération des Associations Mycologiques Méditerranéennes :
La FAMM est composée actuellement de 17 associations se trouvant sur la zone méditerranéenne, des Alpes-Maritimes aux Pyrénées Orientales et la Corse.
1. Activités nationales :
Journées annuelles de la FAMM, organisées à tour de rôle par les différentes associations : 2024 : S.S.N.A.T.V. Toulon.
Tous les trois ans : Journées conjointes FAMM-FMBDS (Fédération Dauphiné Savoie), organisées alternativement par l’une et l’autre fédération. 2025 : Autrans (Isère).
Convention avec le CBN Midi-Pyrénées pour le recueil des données fongiques.
Projet de convention avec le CBN Méditerranée.
Edition de 2 bulletins.
2. Activités internationales :
La FAMM est l’une des composantes de la Confédération Européenne de Mycologie Méditerranéenne (CEMM).
La CEMM regroupe des Fédérations d’Espagne, de France, d’Italie, du Portugal et de Norvège.
Chaque année sont organisées, à tour de rôle par chaque pays, des Journées CEMM.
2024 : Espagne (Benicassim).
2025 : Italie (Sardaigne).
2026 : Norvège ?
- Quelques aspects de la mycologie en Corse :
Il existe en Corse 4 associations : S.M.A. Ajaccio,
S.M.P.V. Porto-Vecchio,
S.M.P.H.C. Bastia,
Association Mycologique Corte-Balagne Ile-Rousse.
Ces associations sont regroupées dans l’Observatoire Mycologique Corse (OMYCO), avec le Conservatoire Botanique National de Corse, service de l’Office de l’Environnement de la Corse. Nicolas Suberbielle, référent Mycologie et Lichénologie au sein du CBNC a apporté ses compétences et son aide opérationnelle aux actions menées ces dernières années.
1. Contribution à l’étude des communautés fongiques des sapinières de Corse :
Participants : OMYCORSE
Pierre-Arthur Moreau
Didier Borgarino
Jean-Michel Bellanger
5 sapinières d’origine naturelle ont été choisies, en fonction de leurs caractéristiques : altitude, géologie, âge, ….
Caralba |
Marmano |
Puntaniella |
Ovace |
Les prospections ont été réalisées au printemps et en automne pendant les années 2021 et 2022.
Les 16 prospections ont permis de récolter 386 taxons, dont 351 basidiomycètes, 27 ascomycètes et 8 myxomycètes : 23 sont strictement associés au sapin ;
197 sont associés au sapin et à d’autres essences ;
166 n’ont aucun lien avec le sapin.
Parmi les 386 taxons, 84 sont nouveaux pour la Corse et 2 pour la France :
Cantharocybe luteosaturatus Musemecia sardoa
2. Étude des communautés fongiques du littoral sablo-graveleux de Corse :
Participants : OMYCORSE
Didier Borgarino
Pierre-Arthur Moreau
Nicolas Van Vooren
4 sites ont été étudiés, correspondant aux territoires des 4 associations.
Durée : Années 2023 et 2024.
Nombre de prospections : 45.
Résultats : 335 taxons, dont 65 nouveaux pour la Corse et 5 nouveaux pour la France.
Ascomycètes : 34
Basidiomycètes : 293
Myxomycètes : 8
Quelques taxons remarquables :
Agaricus aridicola Battarea phalloïdes
(Gyrophragmium dunalii)
Leccinum sandmanii Geoglossum variabilisporum
Récapitulatif des activités du Réseau mycologique du Sud-Ouest. Discussion sur l’avenir de la mycologie pour les mycologues amateurs
Brigitte VIGNOT
1. Récapitulatif des activités du Réseau mycologique du sud-ouest :
Brigitte Vignot rappelle que le réseau mycologique du Sud-Ouest (RMSO) est particulièrement jeune puisque sa création officielle remonte seulement à l’année dernière.
Jusqu’alors quand même, une collaboration informelle existait Ce sont 6 associations mycologiques d’Aquitaine qui se sont fédérées pour promouvoir la mycologie dans toute la région, échanger entre elles et s’entraider.
L’organisation se met en place tranquillement, mais « sûrement ».
Des actions communes ont déjà été entreprises au sein de ce nouveau réseau. En particulier, plusieurs inventaires ont été commencés :
- 2 commandités par l’ONF sur des sites de forêts sénescentes : Contis (Landes) et Le Porge (Gironde) placés près du littoral,
- Et 1 autre sous la houlette du Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle Aquitaine dans le Pays basque sur le massif du Mondarrain.
Par ailleurs, les études entreprises en 2023 sur les sites brulés en Gironde se poursuivent avec cette année une étude plus ciblée sur des tourbières ayant été impactées par les feux. Les résultats permettront d’observer leur évolution et de recenser les espèces particulières qu’elles contiennent.
À noter que cette année, la société mycologique du Comminges (Haute-Garonne) vient d’intégrer le réseau.
2. Discussion sur l’avenir de la mycologie pour les mycologues amateurs :
Dans une deuxième phase, Brigitte Vignot émet quelques réflexions sur l’avenir du mycologue amateur et sollicite les avis des auditeurs.
Il en ressort que, malgré un nombre accru de professionnels, les amateurs restent indispensables au bon fonctionnement de la mycologie française. Les professionnels se reposent, à l’évidence, sur un réseau amateur associatif qui leur établit et leur transmet les indispensables bases de données. Différents exemples sont fournis avec la région Rhône/Alpes où 95 % des données émanent des amateurs, avec la région de Bourgogne/Franche-Comté où Andgelo Mombert, désormais salarié du CBN, s’appuie très étroitement sur les associations locales conformément à ses missions qui prévoient expressément l’entraide.
Toutes ces relations devraient faire l’objet d’organisations fédérées. L’idée d’une convention signée avec une seule Fédération est avancée ?
Pour terminer cette discussion, sont évoqués les sempiternels problèmes des associations, le vieillissement et le non-renouvellement des adhérents, leur manque d’investissement, leur compétence insuffisante et leur réticence à assumer des responsabilités. Dans ce contexte compliqué, l’existence du diplôme universitaire en mycologie pourrait apporter quelques sensibles améliorations.
Présentation de l’état d’avancement du projet SMF soumis à l’INPN-MNHN
Bart BUYCK
Ce projet date de 2020 et avait été plus précisément intitulé « Créer les conditions nécessaires à un inventaire fongique exhaustif en métropole ».
À l’origine, il avait été élaboré sur les propositions suivantes :
- Compiler, pour l’ensemble des 6000 noms de macromycètes parmi les >8000 noms existants pour des taxons fongiques décrits de la France métropolitaine, les données de récolte publiées pour l’ensemble des holotypes (récolteur, localité, date, etc…).
- Produire une carte géographique de répartition montrant le nombre de types décrit par département.
- Localiser l’herbier qui conserve le spécimen-type s’il existe.
L’objectif final est de permettre soit une néo- soit une épitypification (avec du matériel fraîchement récolté) quand celle-ci s’avère nécessaire (notamment en l’absence d’un type ou quand l’ADN de l’holotype semble trop dégradé pour permettre une caractérisation moléculaire).
Actuellement, l’absence de séquences fiables pour la presque totalité des gros champignons en Europe a été identifiée comme l’obstacle majeur à tout inventaire moderne de champignons (Hofstetter et al. 2019), d’autant plus que l’interprétation correcte des BLASTS pour les séquences à identifier est quasiment impossible pour ceux/celles qui ne sont pas familiers avec les espèces en question, surtout en sachant qu’entre 30 et 50 % des séquences ITS (le code barre pour les champignons) actuellement accessibles en ligne sont mal identifiées. Nous avons donc de toute urgence besoin d’une couverture des taxons fongiques par des séquences de référence soigneusement sélectionnées et fiables (donc a priori des types eux-mêmes… si les types existent) ! Plusieurs exemples permettent d’illustrer les problèmes actuels concernant le séquençage et l’identification moléculaire et sont discutés.
Deux projets permettent actuellement de financer le séquençage de champignons en France :
1) un projet MNHN : le projet FUNIF-COL (Marc-Andre Selosse & Bart Buyck) géré par Matthieu Jérusalem, et
2) un projet européen DIVERSA+ : le projet FUNDIVE (Heilmann-Claussen et al), en liaison avec le projet FUNIF-COL France également géré par Matthieu Jérusalem.
Le Projet SMF veut donc préparer le terrain pour ce séquençage en établissant la liste de tous les taxons décrits de la France métropolitaine pour lesquels on aurait besoin d’une séquence de référence. L’état d’avancement de cette liste est expliqué en détail, avec, pour les Asco- et Basidiomycètes, l’état d’avancement famille par famille et par département. L’idée est de répartir la recherche et la collecte des espèces à épi- ou néotypifier entre les associations et fédérations mycologiques en fonction des localités et/ou habitats à explorer pour les retrouver.
Point sur les prochaines rencontres mycologiques de Centre-Val de Loire et sur le réseau mycologique régional. Présentation de l’Atlas français des champignons du sol qui vient de paraître.
Claudy JOLIVET
1 – Point sur les prochaines rencontres mycologiques du Centre-Val de Loire et sur le réseau mycologique régional :
- 15 structures mycologiques (associations et autres dont faculté de pharmacie).
- Pas de fédération existante.
- Idée d’entreprendre des actions communes par un réseau régional.
- Création d’un forum d’échanges.
- Atelier de microscopie.
- Rencontres mycologiques avec pour thèmes :
. mycologique officinale,
. mycologique environnementale,
. échanges pour donner suite à ce réseau.
2 – Présentation de l’Atlas français des champignons du sol qui vient de paraître :
La démarche initiale repose sur l’idée suivante : 30 000 espèces produisent des sporophores ; un grand nombre est ignoré ; d’où des recherches dans les sols pour connaître la réalité.
Une division en 2 240 cellules pour couvrir l’ensemble du territoire français. Des prélèvements de carottes du sol (de 20 à 30 cm de profondeur) en respectant un protocole précis et identique pour tous. Puis extraction ADN, purification ADN et, au final, séquençage…
Résumé de la sortie du 29-05-2024 après-midi
par Daniel Sugny, à partir des informations reçues de tous les participants
Habitude est prise désormais d’organiser, en fin de cession, une sortie « décontractante » et conviviale sur un terrain environnant.
Lieu de la sortie : à Saint-Bonnet-le-Château (42), à moins de 2 km de l’hôtel-restaurant le Befranc, alt. 880 m. Deux types de stations ont été visités :
La zone A : il s’agit d’un milieu ouvert, en bordure d’un chemin bordé de quelques feuillus, dont le saule et l’érable. Le sol est sableux à graveleux. Nous remarquons la présence de l’Ail à toupet (Muscari comosum), de la Petite Pimprenelle (Poterium sanguisorba) et de la Vipérine (Echium vulgare). Observation d’un lézard vert mâle (Lacerta bilineata).
La zone B : elle est constituée d’un petit bois dominé par le sapin (Abies alba), avec quelques hêtres, épicéas, frênes et bouleaux verruqueux en mélange. Ce bois est bordé par un chemin caillouteux. La station est fraîche, avec une épaisseur d’humus assez importante, des vieilles souches et beaucoup de bois mort au sol.
Le sol des stations : l’étude des cartes géologiques et les préférences écologiques de quelques plantes présentes dans les stations permettent de dire que le sol, composé principalement d’alluvions récentes, est légèrement basique dans la zone A et assez acide dans la zone B, surtout sous les conifères. Il est humide suite à des précipitations qui ont été très abondantes depuis plusieurs semaines.
Liste des espèces fongiques observées et leur écologie : les 62 espèces observées ou recueillies pour analyse vous sont proposées avec quelques observations en annexe III.
Évaluation de la rencontre CAFAM 2024
Au cours de ces deux journées, les sujets inscrits à l’ordre du jour ont tous été traités et les échanges entre les participants ont été riches et constructifs.
L’avenir de la mycologie française a été évoqué à plusieurs reprises. Certes, de nombreux problèmes subsistent, mais toutes les actions entreprises ou en cours de réalisation évoquées au cours de cette session CAFAM 2024 incitent, quand même à un légitime optimisme. À condition évidemment de poursuivre les efforts…
Parmi les questions diverses est évoquée la communication des principaux événements mycologiques survenant au cours d’une année. À ce sujet, l’idée d’utiliser le forum CAFAM pour connaître leurs dates, pouvoir les consulter voire les coordonner est avancée. « Affaire » à suivre.
Le principe de reconduire cette session dans sa forme actuelle c’est-à-dire sur deux journées en semaine est toujours de mise. De même, le site de Saint-Bonnet-le-Château (42) à l’hôtel-restaurant Le Befranc, retenu pour la deuxième année consécutive, recueille à nouveau un avis favorable par l’ensemble des participants.
Quant à l’organisation de la CAFAM 2025, elle serait dévolue ou à la FAMO ou à la FAMM ? À discuter entre elles.
Ce débriefing avec la sympathique visite de Pierre Roux met fin à cette session de la CAFAM 2024 vers 18 heures.
CAFAM 2024
Documents ANNEXES
Annexe I : résumé du projet de publication de Pascal Hériveau
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« Depuis plus de trente 30 ans, je travaille à un « Dictionnaire bibliographique des mycologues français ». Celui-ci est destiné à accueillir les auteurs français ayant publié des ouvrages ou des articles de mycologie, depuis le début de l’imprimerie jusqu’à nos jours. Bien que ce document ne puisse ambitionner l’exhaustivité (*), il en résulte cependant, en l’état actuel du projet, un document de près de 2 200 pages, avec plusieurs milliers de noms. Une fiche d’auteur comporte au mieux une partie biographique (plus ou moins dense selon la contribution du mycologue et les informations disponibles), les sources biographiques, une liste d’ouvrage(s), les revues dans lesquelles il a publié, une « photographie » de son activité mycologique à partir de mots clés, une liste des taxons qu’il a créés, une liste des éponymes (taxons dédiés au mycologue) s’ils existent. Bien sûr, beaucoup de fiches comportent des renseignements sommaires, si l’auteur a peu publié par exemple. À cette partie texte est associé un volet iconographique, avec des portraits, des couvertures d’ouvrages (et des planches « exemples » s’il y a lieu), des autographes pour les mycologues les plus illustres.
Si ce document devait être publié en l’état, avec le texte associé à l’iconographie, nous aurions probablement plus de 4 000 pages. Ce qui rend improbable une publication « papier ». Autre possibilité : une diffusion sur Internet, avec l’application d’algorithmes pour optimiser ce travail.
Dans l’immédiat, donc avant diffusion du Dictionnaire, il nous a paru envisageable de publier une édition papier, expurgée de certaines parties du « Dico ». Cette publication, dont le titre serait « Grandes figures de la mycologie française », pourrait être bâtie sur le schéma suivant :
- Première partie : Une histoire de la mycologie française
- Deuxième partie : Grandes figures de la mycologie française
Après réflexion, le nombre de mycologues sélectionnés a été fixé à 100. La sélection se ferait prioritairement [uniquement ?] sur des mycologues ayant œuvré dans les domaines de la systématique et de la taxinomie, pour répondre à l’intérêt de la majorité des lecteurs potentiels, plutôt sensibilisés à ces thèmes. Si cette publication est une réussite, il serait alors possible de diffuser un complément, et élargir par la même occasion la sélection à d’autres mycologues plus spécialisés sur des thèmes différents, comme la phytopathologie, la culture, etc.
Chaque fiche d’un mycologue sera constituée par :
- un portrait, avec en fond un exemple autographique du personnage
- une biographie [avec les sources biographiques]
- une liste des principales publications
- une iconographie, avec prioritairement des planches d’ouvrages du mycologue.
[Pour rendre le plus attrayant possible l’ouvrage, il s’agit de « soigner » l’iconographie, afin de rendre moins aride la lecture du texte].
Si ce schéma est suivi, l’ouvrage (format A4) pourrait avoisiner les 600 pages.
Avec ce projet de publication, il s’agit de relever un triple défi :
- trouver des partenaires
- trouver un éditeur
- trouver le public (!).
Alors, affaire à suivre…
(*) Tous les domaines mycologiques n’ont pas le même statut dans ce travail. Car l’accès à certains documents est parfois très compliqué, par leur rareté, ou leur hyperspécialisation (mycologie médicale, mycologie agronomique, mycotoxicologie,…). De plus, de nombreux travaux sont dorénavant issus de revues numérisées, ce qui dépasse le cadre que nous nous sommes fixés, à savoir la littérature mycologique imprimée. Certains domaines ont volontairement été ignorés, comme la gastronomie.
Annexe II : Lettre information programme Funif-Col
- Contexte
Cher(e)s mycologues français(es), cher(e)s ami(e)s,
La mycologie française se porte bien et semble plus que jamais faire vœu d’unité au cours de ces dernières années. Pour preuve en est les excellents projets ayant abouti cette année, tels que par exemple la publication de la liste rouge IUCN d’une partie de la fonge française, ainsi que l’excellent ouvrage de l’Atlas français des champignons du sol.
Je me permettrais ici de citer Pierre-Arthur Moreau qui déclara très justement au cours d’une de nos réunions il y a quelques mois : « Plus que jamais, les planètes semblent alignées pour que les acteurs de la mycologie française avancent ensemble dans une même direction ».
Dans cette optique, le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris a lancé en septembre 2023 le projet « Funif-Col », visant à obtenir des séquences moléculaires de référence (« Barcoding » moléculaire) pour l’ensemble des types fongiques français. En effet, bien que nous connaissions fort bien notre fonge via des caractères morphologiques et/ou écologiques discriminants, il semble évident que pour définir et délimiter correctement ces espèces en vue de leur acceptation au niveau international, nous nous devons d’également les connaitre et les définir par un concept (phylo)génétique.
Ce manquement dans la définition phylogénétique des espèces (qui concerne la majorité des types fongiques français), fut auparavant rendue difficile par manque d’accès facilité et gratuit à des laboratoires de biologie moléculaire. Les principaux acteurs de la taxonomie fongique française étant les mycologues amateurs français, ils n’ont que peu ou prou accès à ce type de laboratoire. Cette connaissance génétique sera probablement primordiale dans les années à venir, dans le but de sauvegarder et d’aider les connaissances de terrain, qui sont à l’heure actuelle impressionnante en France.
Dès lors, le projet Funif-col se proposa d’aider gratuitement les amateurs français dans la production de séquences génétiques de référence pour les nombreux échantillons fongiques, types ou non, présents dans les collections françaises publiques ou privées. Le but de ce projet est à terme de mettre à disposition ces séquences génétiques sur les bases de données internationales tels que GenBank, UNITE ou encore BOLD, afin qu’elles puissent être utilisées par l’ensemble des acteurs de la mycologie. Le projet ayant été initié en fin d’année 2023, nous vous proposons ci-dessous un aperçu de l’avancée de la mise en place du projet et des futures perspectives de celui-ci.
- Mise en place du projet Funif-Col et stratégie actuelle
Au cours de la saison automnale 2023, les représentants du projet Funif-Col ont eu l’occasion de réaliser la « joyeuse entrée » du projet lors de divers congrès mycologiques.
Le congrès de la FMBDS à Arvillard, les Mycologiades de Bellême, les journées mycologiques de la Société Mycologique de Haute-Auvergne à Riom-ès-Montagne, le congrès de la SMF à Haguenau ainsi que la session Aphyllophiles à Oberbronn-les-bains.
Au cours de ces congrès, nous avons pu rencontrer les mycologues amateurs et leurs présenter le projet Funif-Col. L’accueil du projet fut excellent et nous tenons à remercier l’ensemble des collaborateurs amateurs pour leur engouement et leur disponibilité.
L’ensemble des mycologues rencontrés ont confirmé leur intérêt quant à ce projet collaboratif. Le nombre d’échantillons récoltés durant ces congrès, ainsi que ceux envoyés par ces mêmes mycologues, constitue une belle preuve de l’envie de tous d’avancer vers un but commun : à ce jour, plus de 600 espèces différentes ont été récoltées dans le but d’être séquencées. De plus, nous avons également sauvegardé plusieurs herbiers d’intérêt général que nous comptons inclure dans le projet de séquençage. C’est notamment le cas des herbiers des défunts Guy Redheuil, Pierre Moënne-Loccoz ainsi que celui de Patrick Reumaux. Par ailleurs, Xavier Carteret, un proche collaborateur de ces mycologues, a été recruté dans le cadre du projet Funif-col, notamment pour aider à la mise en place de ces herbiers au sein de l’Herbier national.
La mise en place du « pipeline » de séquençage suit actuellement son cours et les phases de test s’achèvent enfin. Nous avons établi un protocole d’extraction ADN efficace en vue de séquencer un grand nombre d’échantillons à la fois dans le but de pouvoir répondre aux fortes demandes futures. Ce protocole permet en une journée de laboratoire d’effectuer jusqu’à l’extraction d’ADN de 190 échantillons. Concernant l’amplification PCR de ces échantillons, le protocole est maintenant également opérationnel pour traiter d’une traite de façon semblable un grand nombre d’échantillons. Nous avons comme but d’amplifier initialement les séquences de l’ITS et du 28S comme séquences barcodes. Si le besoin se fait sentir (en vue d’analyses phylogénétiques notamment), nous aurons également la possibilité d’amplifier les séquences d’autres gènes liés aux fonctions cellulaires de base, tels que RPB2 ou Tef 1-α par exemple. Enfin, concernant le séquençage, nous avons la possibilité de pouvoir répondre à des demandes importantes en termes de quantité (env. 5000 séquences/an). Lors de la réception des séquences après séquençage, nous réaliserons la correction de celles-ci ainsi qu’un blast pour confirmer qu’un contaminant n’a pas été amplifié et pour fournir une identification génétique des échantillons aux demandeurs.
Actuellement, tous les échantillons reçus et collectés ont été séquencés et nous sommes actuellement dans la phase de correction des séquences. Conscients que le temps de la recherche peut paraître un peu long, nous reviendrons vers vous avec les premiers résultats très rapidement. Les deux prochaines années du projet devraient maintenant pouvoir être pleinement efficaces.
- Perspectives
Le projet Funif-Col remercie les actuels collaborateurs du projet qui nous ont déjà envoyé des échantillons. Nous espérons bien évidemment que cette liste s’agrandisse à l’avenir et nous serons présents à divers congrès mycologiques au cours de l’année 2024 pour en discuter avec vous. Nous serons présents au minimum aux sessions Aphyllophiles (Bessans, 1/09/2024 au 7/09/2024), aux Inter-Assos du Sud-Ouest (13/09/24 au 15/09/24), au congrès de la SMF (Riom-ès-montagnes, 7/10/24 au 12/10/24) et aux Journées mycologiques de l’Estuaire (5/11/24 au 11/11/2024). Nous comptons également mettre en place dans les mois qui suivent un réseau collaboratif par région géographique et/ou par groupe taxonomique.
Si vous êtes intéressés à rejoindre ce réseau, ou connaissez des personnes intéressées, nous serions ravis d’augmenter le nombre des acteurs collaboratifs du projet. N’hésitez pas à transférer cette première lettre d’information à qui vous jugez nécessaire ou utile de le faire. Une réunion virtuelle avec les personnes intéressées devrait avoir lieu dans les prochains mois. Les occasions de discuter de ce projet ensemble seront donc légion avant la fin d’année 2024 !
Au nom du projet « Funif-Col », je vous prie d’agréer mes meilleures salutations.
Matthieu Jérusalem, coordinateur du projet Funif-Col.
Annexe III : Liste des espèces fongiques observées et leur écologie
La zone A : il s’agit d’un milieu ouvert, en bordure d’un chemin bordé de quelques feuillus dont le saule et l’érable. Le sol est sableux à graveleux. Nous remarquons la présence de l’Ail à toupet (Muscari comosum), de la Petite Pimprenelle (Poterium sanguisorba) et de la Vipérine (Echium vulgare). Observation d’un lézard vert mâle (Lacerta bilineata).
La zone B : elle est constituée d’un petit bois dominé par le sapin (Abies alba), avec quelques hêtres, épicéas, frênes et bouleaux verruqueux en mélange. Ce bois est bordé par un chemin caillouteux. La station est fraîche, avec une épaisseur d’humus assez importante, des vieilles souches et beaucoup de bois mort au sol.
Agrocybe elatella, assez abondant dans l’herbe le long du sentier, en zone A. La forte pluviosité observée depuis plusieurs semaines peut expliquer le développement assez remarquable de cette espèce nettement hygrophile,
Agrocybe pediades, au bord du chemin, dans l’herbe, en zone A,
Amanita junquillea, dans la litière, sous Abies alba et épicéas, en zone B,
Bobitius titubans, au bord du chemin, en zone A,
Byssomerulius corium, sur une branche tombée de feuillu, en zone A,
Ceratiomyxa fruticulosa, sur bois mort humide de conifère, en zone B,
Ceratiomyxa porioides, sur bois mort humide de conifère, en zone B,
Clitocybe ditopa, sous un épicéa, en zone B,
Clitocybe obsoleta, sous Abies alba, en zone B,
Conocybe siliginea, en bordure de chemin, en zone A,
Coprinellus micaceus, sur une souche de feuillu, en zone B,
Clitopilus hobsonii, en zone B,
Cystoderma jasonis, parmi les mousses, sous conifère, en zone B,
Dacrymyces stillatus, sur bois mort, en zone B,
Diatrype bullata, sur une branche tombée de saule, en zone A,
Diatrype decorticata, sur une branche tombée de hêtre, en zone B,
Diatrype disciformis, sur une branche tombée de hêtre, en zone B,
Diatrype stigma, sur une branche tombée de feuillu, en zone B,
Entoloma cuneatum, en zone B, dans une zone herbeuse et moussue, dans la litière d’aiguilles, sous conifère. Espèce non encore signalée dans la Loire selon MycoflAURA,
Entoloma sericeoides, en zone A
Exidia nigricans, sur une tige morte de noisetier, en zone A,
Exidia pitya, sur une branche tombée de conifère, en zone B,
Gymnopus aquosus, sous Abies alba, hêtre et épicéa, en zone B. La forte pluviosité observée depuis plusieurs semaines peut expliquer le développement assez remarquable de cette espèce nettement hygrophile,
Gymnopus dryophilus, dans la litière de feuillu, en zone A,
Hypholoma fasciculare, sur une souche de feuillu, en zone B,
Inocybe abietis, sous les sapins, en lisière de la zone B,
Inocybe fuligineoatra, sous les sapins, en lisière de la zone B,
Jackrogersella multiformis, sur une branche tombée de Betula pendula, en zone B,
Kuehneromyces mutabilis, sur une souche enterrée de feuillu, au bord du chemin, en zone A,
Lachnum impudicum, sur bois
Lycogala epidendrum, sur bois mort humide de conifère, en zone B,
Mycena abramsii, en zone B, sous Abies alba et sur un petit cône d’épicéa pourrissant au sol,
Mycena acicula, sur débris de feuilles mortes, au bord du chemin, en zone A,
Mycena aurantiomarginata, dans la litière d’aiguilles, sous conifères, en zone B,
Mycena pura, sous Abies alba, en zone B,
Mycena rosea, en lisière, dans la litière de feuilles et d’aiguilles, sous conifères et hêtres, en zone B,
Myxarium nucleatum, sur une branche tombée de feuillu, en zone B,
Paralepista inversa, sous Abies alba et épicéas, en zone B,
Paxillus involutus, sous Abies alba et hêtre, en zone B,
Peniophora lycii : sur une tige tombée de noisetier, zone A.
Peziza arvernense, sous Abies alba et hêtre, dans la litière, en zone B,
Phaeotremella frondosa, sur une branche tombée de feuillu, en zone B,
Phellinus igniarius, sur le fût d’un saule dépérissant, en zone A,
Phragmidium sanguisorbae, parasite sur Poterium sanguisorba, en zone A,
Pluteus pouzarianus, sur une branche tombée de conifère, en zone B,
Pluteus primus : sur petite souche pourrie de conifère, en zone B,
Psathyrella spadiceo-grisea : çà et là en bordure de sentier, en zone A,
Rhizocybe vermicularis, sous Abies alba, dans l’humus épais, en zone B,
Ripartites tricholoma, sous hêtre et Abies alba, en zone B,
Roselinia corticium, sur bois mort, en zone B,
Schizophyllum commune, sur un fut blessé de saule, en zone A,
Septoria rubi, sur feuilles de Rubus sp., en zone A
Skeletocutis nemoralis, sur une branche tombée de frêne, en zone B,
Stereum hirsutum, sur une branche tombée de chêne, en zone A et 20 ex. sur un éclat de hêtre, en zone B,
Stereum rugosum, sur une tige morte de noisetier, en zone A,
Trametes multicolor, sur une branche tombée de Fraxinus excelsior, en zone B,
Trametes versicolor : de nombreux spécimens étagés sur jeune tronc mort de feuillu encore dressé et d’autres exemplaires sur une branche tombée de feuillu, en zone B,
Trichaptum abietinum, sur un fût tombé de conifère, en zone B,
Trichia decipiens (myxo), sur une branche tombée de Fraxinus excelsior, en zone B,
Tubifera ferruginosa (myxo), un petit amas sur bois pourri, en zone B,
Xerocomellus chrysenteron, sous conifères, en zone B,
Xerocomellus pruinatus, sous Abies alba, en zone B.
Inocybe abietis – Cliché Patrice Laine
Paralepista inversa – Cliché Daniel Sugny
Lézard vert (Lacerta bilineata) – Cliché Daniel Sugny
CAFAM 2021
CAFAM 2021
Conférence annuelle des Fédérations et Associations Mycologiques
Conol, Verrière en Forez (Loire) les et sept et huit septembre 2021
De gauche à droite ; Bart Buyck, Jean Cabalion, Yves Cestac, Raphaël Hervé, Patrice Lainé, Claudy Jolivet, Pascal Ducos, Brigitte Vignot, Robert Cazenave, Daniel Sugny, Yann Sellier
ORGANISATION : Société Mycologique de France (SMF)
Secrétariat de séance : Patrice Lainé (SMF)
LISTE DES PARTICIPANTS
ADONIF : Raphaël HERVE
AMB (Association Mycologique de Bigorre) : Robert Cazenave
FAMO/RNF (Fédération des Associations Mycologiques de l’Ouest/Réserves Naturelles de France) : Raphaël Hervé et Yann Sellier
FME (Fédération Mycologique de l’est) : Daniel Sugny, Jean Cabalion
OM (Observatoire mycologique) : Olivier Daillant
SOMYLA (Société Mycologique Landaise) : Pascal Ducos
SMB (Société Mycologique du Béarn) : Yves Cestac
SMF (Société Mycologique de France) : Bart Buyck, Raphaël Hervé, Patrice Lainé)
SLB (Société Linnéenne de Bordeaux) : Brigitte Vignot
ORDRE DU JOUR/SOMMAIRE
1) : Ouverture : accueil des participants, tour de table, approbation de l’ordre
du jour………………………………………………………………………………………………………………..P 5
3) : impact sur la fonge de la dégradation des habitats forestiers, par Jean Cabalion (FME)…………………………………………………………………………………..…………………..…..…P 6
4) : responsabilités des fédérations et associations mycologiques concernant les intoxications par les plantes et par les champignons, par Jean Cabalion (FME)…..P 6
5) Accès des mycologues de terrain à des informations importantes suite à analyses génomiques (question de Jean-Luc Muller) par Daniel Sugny (FME)……………..……P 8
6) Bilan d’une étude mycologique sur 3 ans dans la Réserve Naturelle des Ballons comtois par Daniel Sugny (FME)……………………………………………………………………………..…..……P 8
7) Devenir de l’observatoire Mycologique par Olivier Daillant (OM)…………..……..P 12
8) : Liste rouge nationale par Raphaël Hervé (SMF, FAMO, Adonif)…………………..P 12
9) : cahier technique RNF sur la prise en compte de la fonge, et liste et ressources numériques associées par Yann Sellier (FAMO, RNF)………………………………………….P 13
10) Mise à jour de l’indice patrimonial « Ip » ( Lecuru et Courtecuisse 2002), par Yann Sellier (FAMO, RNF)……………………………………………………………………………………………………..P 14
11) Vers une liste d’espèces protégées en France par Yann Sellier (FAMO, RNF)...P 15
12) Prise en compte des champignons par les Conservatoires Botaniques Yann Sellier (FAMO, RNF)………………………………………………………………………………………………………..P 15
13) : projet d’épitypification des macromycètes décrits de France métropolitaine par Bart Buyck (SMF)………………………………………………………………………………………………………P 16
14) : Point sur Mycoseq par Patrice Lainé (SMF)…………………………………………………P 17
15) : Application INPN espèces par Patrice Lainé (SMF)………………………………………P 17
16) : Avancement du projet d'intégration de la fonge dans le suivi de la biodiversité adossé au Réseau de mesures de la qualité des sols par Claudy Jolivet (INRAE, SMF)…….P 18
17) : Organisation des premières Rencontres mycologiques de Centre Val-de-Loire en février 2022 par Claudy Jolivet (INRAE, SMF)……………………………………………………………….P 19
18) Clôture : évaluation et prochaine session……… ………………………………………….P 20
OUVERTURE
La séance est déclarée ouverte à 14 h 00 par Patrice Lainé. Elle a débuté par le traditionnel tour de table des 12 participants présents. Yves Courtieu, Président de la FMBDS, absent, (nous apprendrons ultérieurement que sa défection n’était due qu’à une confusion de dates) a pu envoyer ultérieurement aux participants, sur le groupe mail de la CAFAM, les fichiers Excel bruts qui résultent de son suivi des intoxications via Mycoliste. L’ordre du jour, initialement établi via la groupe mail et enrichi d’interventions supplémentaires que Yann Sellier et Olivier Daillant ont ajoutées en séance, fut ensuite examiné et approuvé. La séance a pu ensuite démarrer, avec l’intervention de Jean Cabalion.
Impact sur la fonge de la dégradation des habitats forestiers, par Jean Cabalion (FME)
Jean Cabalion constate que les dégradations des habitat forestiers sont de plus en plus facilement observables, et prennent de nombreuses formes :
- les maladies qui affectent, certaines essences (orme, frêne)
- les apports indésirables de l’homme (pesticides, engrais)
- le développement inquiétant des chenilles processionnaires
- les plantations artificielles d’arbres à vocation décorative
- le phénomène croissant des plantes invasives
- le changement climatique, qui s’accompagne en particulier de périodes de sécheresse de plus en plus préjudiciables à la flore et à la fonge, et qui compromettent la pérennité des nappes phréatiques.
Un débat s’engage sur les mesures qu’il est possible d’envisager pour freiner ce phénomène. Face à ce qui est ressenti comme une tendance lourde, l’unanimité se fait autour du rôle de sensibilisation et d’alerte que les associations naturalistes doivent s’obstiner à jouer, malgré la puissance des intérêts contradictoires. Dans cette optique, Les liste rouges sont des outils à privilégier pour identifier de façon incontestable les sites les plus en danger, et obtenir des mesures adaptées.
Jean Cabalion expose ensuite son deuxième sujet de préoccupation.
Responsabilités des fédérations et associations mycologiques concernant les intoxications par les plantes et par les champignons, par Jean Cabalion (FME)
- MYCOLISTE :
Le système Mycoliste fonctionne depuis 2014, à la satisfaction des utilisateurs, les praticiens Centre Anti Poisons (CAP), qui expriment souvent leurs remerciements, les réponses des mycologues parvenant souvent dans des délais très courts.
Les statistiques des cas observés sont publiées chaque année par les CAP, l’ANSES, et reprises par le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) comme en 2019 avec la revue de tous les cas de 2010 à 2017.
Le système nous a appris la grande fréquence des contacts de petits enfants avec les champignons ou le fait que certaines espèces inattendues comme les Sclérodermes soient consommées, mais ces données purement descriptives ne concernent que le nombre de cas recensés, les champignons supposés responsables et la gravité initiale, et ne renseignent pas sur le devenir des intoxiqués les plus graves.
Des instances telles que la CAFAM, ou la SMF qui est l’interlocuteur des CAP pourrait demander, en retour d’information vers les mycologues, une information sur le suivi annuel des cas graves et leur devenir (en moyenne 30 cas graves et trois décès par an, a priori, sans que l’on connaisse le nombre d’hospitalisations).
De la discussion qui s’engage, il ressort notamment qu’il incombe aux Société mycologiques d’éviter d’encourager la cueillette aux fins de consommation, à l’occasion de leurs expositions grand public notamment.
- Intoxications par végétaux sauvages :
Suite à la mode croissante de leur cueillette et consommation, que le public est incité à pratiquer à travers de nombreux articles de presse et propositions de sorties guidées, on observe depuis quelques années une banalisation de la consommation de nombreuses espèces végétales communes. L’idée répandue dans le public est que la nature est généreuse et bon enfant… et les plantes sauvages inoffensives.
Malheureusement, comme pour les champignons, des confusions avec des espèces toxiques existent, dont le public n’est pas suffisamment averti.
Il y a eu ainsi récemment plusieurs intoxications graves et décès par Colchique (confusion avec Ail des ours), Aconit, petite Cigüe (confusion avec carotte sauvage). Bien d’autres plantes toxiques comme la Belladone ou la jusquiame sont répandues et pourraient occasionner de sévères intoxications.
Si cette mode persiste et prend de l’ampleur, il est à craindre que le nombre d’intoxications graves par plantes dépasse rapidement celui des intoxications fongiques (2 – 5 cas mortels par an en moyenne).Chaque année, les centres antipoison enregistrent entre 8 000 et 9 000 appels pour des questions d’intoxication aux plantes. Parfois, l’issue est dramatique. Comme le cas d’un jeune homme de 26 ans qui est mort l'an dernier pensant avoir mangé une carotte sauvage alors qu’il avait ingéré une plante de la famille des cigües.
Comme les sociétés mycologiques assurent depuis leur création une mission d’information du public en délivrant un message de prévention et de prudence à ce sujet, Daniel Cabalion propose que nos sociétés informent aussi du danger de la cueillette sans connaissance suffisante des plantes sauvages.
Cela peut se faire lors de nos activités comme les expositions, les sorties guidées, les formations etc. Il est possible d’utiliser comme source d’information la phytoliste, ou le site officiel https://plantes-risque.info
Accès des mycologues de terrain à des informations importantes suite à analyses génomiques (question de Jean-Luc Muller) par Daniel Sugny (FME)
Jean-Luc Muller a appris par hasard que suite à analyse génomique, Rhodocybe leucophylla se trouve être une forme sombre de Lepista sordida. Il s’agit d’une séquence demandée par Gilles Corriol. Il pose donc la question suivante : comment faire pour que ce genre d’information ou d’autres aussi intéressantes soit accessibles aux mycologues de terrain ?
De la discussion qui s’engage, plusieurs éléments de réponse ont émergé, qui peuvent se résumer ainsi :
Les résultats des analyses génomiques sont de plus en plus publiés dans des revues scientifiques dédiées à la "génomie" et à la recherche et non plus dans des revues de mycologie. Cependant, certaines de ces publications sont accessibles sur le net car publier dans ces revues est payant pour les chercheurs eux-mêmes. Daniel SUGNY a trouvé beaucoup de publications concernant des espèces nouvelles suite à analyse génomique lors de la préparation d’un ouvrage sur les champignons. Ainsi, Il appartient à chacun de chercher ses sources, même si les sociétés mycologiques peuvent avoir un rôle à jouer. Ainsi, la SMF mène une action visant à répertorier les publications intéressantes de ce point de vue, dans le cadre de son suivi bibliographique traditionnel tel qu’il est publié régulièrement dans son bulletin. Les participants s’accordent à faire observer que, de toutes façons, il y a une obligation de recensement de toute nouveauté validée dans Mycobank et Index Fungorum.
Bilan d’une étude mycologique sur 3 ans dans la Réserve Naturelle des Ballons comtois par Daniel Sugny (FME)
La Réserve Naturelle des Ballons comtois, située au Ballon de Servance, dans les Vosges méridionale est à la fois franc-comtoise et lorraine, et protège un vaste massif granitique montagneux de plus de 2000 ha.
La zone étudiée de 2017 à 2019, d’une superficie de 80 ha, est située entre 900 et 1100 m d’altitude et comprend des sols tourbeux et des sols composés de granite des Ballons, neutre à acide. Une partie de la zone est classée en Réserve Biologique Domaniale.
De nombreux types d’habitats s’y côtoient :
- Hêtraie-sapinière acidiphile,
- Hêtraie-sapinière neutrophile,
- Erablaie,
- Bétulaie sphagneuse,
- Pessière-sapinière sur tourbe,
- Saulaie basse,
- Tourbière haute active,
- Lande à Callune et Myrtillier,
- Molinaie,
- Prairie hygrophile / Mégaphorbiaie,
- Association à Reine des prés.
L’étude a permis bien sûr de repérer des espèces représentatives de ces habitats, telles (citées par ordre alphabétique de genres et d’espèces) :
Amanita submembranacea (Amanite à volve grise), dans la hêtraie-sapinière, liée à des sapins blancs,
Arrhenia sphagnicola (omphale des sphaignes), dans la tourbière haute active, parmi les sphaignes.
Espèce strictement sphagnicole,
Bondarzewia mesenterica (polypore des montagnes), dans la hêtraie-sapinière, sur les souches de sapin blanc (espèce montagnarde),
Clitocybula lacerata (collybie lacérée), sur bois mort de conifère (hêtraie-sapinière et pessière sur tourbe). Espèce montagnarde,
Cortinarius cinnabarinus (cortinaire rouge cinnabre), dans la hêtraie-sapinière, lié à des hêtres. Préfère les sols siliceux,
Cortinarius speciosissimus (cortinaire très joli), dans la hêtraie-sapinière et la pessière sur tourbe, lié à des épicéas,
Cytidia salicina (corticie du saule), dans la saulaie basse, sur branchettes mortes de saules,
Ditiola pezizaeformis, sur des branches mortes tombées au sol de sapin blanc, en hêtraie-sapinière,
Galerina gibbosa (galère bossue), dans la tourbière haute active, parmi les sphaignes. Espèce strictement sphagnicole,
Gyroporus cyanescens (indigotier), dans la hêtraie-sapinière, lié à un hêtre. Aime les sols acides,
Hericium flagellum (hydne corail des résineux), Espèce emblématique des hêtraies-sapinières anciennes, croissant exclusivement sur gros fûts morts de sapin blanc,
Hohenbuehelia auriscalpium (pleurote cure-oreilles), dans la hêtraie-sapinière, sur un fût mort de hêtre,
Hydropus marginellus (hydrope marginé), toujours sur souches très dégradées et moussues de sapin blanc, en hêtraie-sapinière,
Hygrocybe cantharellus (hygrophore joli), dans la lande à Vaccinium et Calluna. En Franche-Comté, c’est une espèce patrimoniale des marais de transition au sein des tourbières actives,
Hygrophorus capreolarius (hygrophore des chevreuils), dans la pessière-sapinière sur tourbe. Espèce des conifères, surtout épicéas, en montagne,
Hygrophorus pudorinus (hygrophore pudibond), dans la hêtraie-sapinière, en bas de pente, là où la dégradation du granite des Ballons génère des éléments non calcaires mais basiques,
Hymenochaete cruenta, sur une branche de sapin blanc tombée au sol, dans la pessière-sapinière sur tourbe,
Lactarius helvus (lactaire à odeur de chicorée), dans la pessière-sapinière sur tourbe, sur sol acide et humide,
Lactarius lignyotus (lactaire velours), dans la pessière-sapinière sur tourbe, lié à des épicéas. Espèce des pessières tourbeuses, en montagne et dans les pays scandinaves,
Lactarius trivialis (lactaire trivial), dans la pessière-sapinière sur tourbe et la bétulaie sphagneuse. Espèce des conifères mêlés de bouleaux, dans les marécages,
Lactarius utilis, dans la pessière-sapinière sur tourbe. Espèce des pessières sphagneuses à myrtilliers, avec ou sans bouleaux,
Lobaria pulmonaria (lichen pulmonaire), sur troncs vivants de hêtres, de frênes et surtout d’érables.
Espèce des forêts humides et anciennes de montagne. Très sensible à la pollution, elle disparaît à une concentration de SO2 > 30 µg/m3,
Multiclavula mucida, un champignon lichénisé, sur un fût très dégradé de sapin blanc gisant au sol,
Mycena arcangeliana (mycène olivâtre), sur bois très dégradé tombé au sol de hêtre, en hêtraie-sapinière,
Mycena silvae-nigrae (mycène à odeur nitreuse), sur souches très dégradées de sapin avec mousses et parfois lichens, en hêtraie-sapinière,
Ophiocordyceps entomorrhiza, sur une larve de carabe, parmi les mousses, dans les éboulis d’une érablaie,
Ophiocordyceps gracilis (cordyceps gracile), sur une chenille morte enterrée de papillon, parmi les sphaignes, dans la pessière-sapinière sur tourbe, près d’un petit ru,
Pholiota astragalina (pholiote astragale), sur du bois très dégradé et souvent moussu de sapin blanc, en hêtraie-sapinière,
Pleurocybella porrigens (pleurote en oreille), sur souches et fûts humides, très dégradés et moussus de sapin blanc, en hêtraie-sapinière,
Porphyrellus porphyrosporus (bolet à spores porphyres), dans la hêtraie-sapinière ou la pessière-sapinière sur tourbe, lié au sapin blanc,
Ramaria paludosa (ramaire des marais), ressemblant à R. pallida mais croissant le plus souvent sous épicéa dans les tourbières. Observée 2 fois dans la pessière-sapinière sur tourbe,
Rhodophana nitellina (rhodocybe cuivré), dans l’humus, sous hêtre et sapin blanc, dans la hêtraie-sapinière, au pied des éboulis,
Taphrina betulina (cloque du bouleau), un champignon parasite qui provoque des balais de sorcières sur les bouleaux. Dans la bétulaie sphagneuse.
Tricholoma virgatum (tricholome vergeté), sous les conifères, parmi les myrtilliers, dans la pessière-sapinière sur tourbe. Espèce montagnarde.
Usnea filipendula (usnée barbue), le plus souvent sur le fût de très gros sapins, dans la hêtraie-sapinière,
Usnea florida (usnée en forme de fleur), sur troncs et branches de feuillus. Très sensible à la pollution, elle disparaît à une concentration de SO2 > 30 µg/m3.
Daniel Sugny présente en suite une synthèse de cette étude. Il en ressort notamment une diversité fongique très élevée (883 espèces). L’habitat le plus riche en espèces est la hêtraie-sapinière tandis que Pleurocybella porrigens apparaît comme étant l’espèce la plus abondante du site.
Par ailleurs, 96 espèces figurent dans la Liste rouge des champignons supérieurs de Franche-Comté, tandis que 168 espèces figurent dans la Liste des champignons déterminants pour les ZNIEFF de Franche-Comté.
Les pexèces Hericium flagellum, Lobaria pulmonaria et Pleurocybella porrigens sont emblématiques pour le site, mais il faut aussi signaler la présence de champignons lichénisés très sensibles à la pollution (Lobaria pulmonaria, Usnea filipendula et Usnea florida)L
L’indice Indice patrimonial du site ressort à 33 soit un niveau moyen, si l’on se réfère à la table suivante :
Ip < 15 => niveau faible
15 < Ip < 50 => niveau moyen
50 < Ip < 100 => niveau élevé
Ip > 100 => niveau très élevé
Nota : cet indice reflète la proportion d’espèces menacées par rapport au nombre total d’espèces observées. Le fait d’avoir recensé un très grand nombre d’espèces explique que le niveau ne soit pas plus élevé malgré la présence de beaucoup d’espèces fortement menacées.
Devenir de l’observatoire Mycologique par Olivier Daillant (OM)
Olivier Daillant signale que le site de l’observatoire mycologique est en passe d’être fermé. Or, des données intéressantes y figurent (notamment deux rapports, les résultats des intercalibrations, etc..), qui risquent d’être perdues fautes de solution de remplacement. Il est suggéré de rédiger un article pour exposer le problème. Claudy Jolivet émet l’hypothèse, sans pouvoir s’avancer plus avant, d’une possible synergie avec le projet RMBS.
Projet liste rouge nationale par Raphaël Hervé (ADONIF, FAMO, SMF)
Le projet « Liste Rouge Nationale pour la Fonge » est actuellement porté par AdoniF, Association fondée en 2015 qui s’est engagé à sa réalisation auprès du Ministère de la Transition Ecologique (financement 2018) et du Muséum National d’Histoire Naturelle.
La SMF, qui a entrepris de développer ce projet entre 2013 et 2015, en est le porteur historique, et reste le partenaire privilégié d’AdoniF pour son expertise mycologique. La Commission Environnement de la SMF est chargée de la réalisation de la partie Expertise de ce projet.
Par convention en date du 12 juillet 2021, ont été définis les objectifs généraux de collaboration, les modalités d’animation, d’échange de données et de partage de compétences et d’analyse entre les missions et engagements respectifs de chacune des associations cosignataires.
Domaine d’interventions de la SMF dans le projet liste rouge
- Contribuer à la base de données naturalistes qu’elle possède au travers de l’activité de ses membres et des 150 années de données bibliographiques de son bulletin trimestriel.
- Assurer la constitution, la coordination et l’organisation des réunions de travail du groupe d’expert (dit « groupe liste rouge en fonction du calendrier prévu et des demandes éventuelles d’Adonif)
- Le groupe Liste Rouge exprime les besoins du groupe en termes de données (formatage, analyses statistiques)
- . Le groupe établit un budget prévisionnel pour son projet annuel, en collaboration avec AdoniF.
- La SMF exerce sa fonction d’expertise pour l’estimation des critères de vulnérabilité des espèces
Responsabilités communes ADONIF SMF
- Définition de la méthodologie d'évaluation des espèces. La méthodologie de pré-évaluation et d’expertise relève de compétences partagées entre la SMF et AdoniF, dans la mesure où elles impliquent une compréhension des critères d’évaluation proposés par l’IUCN et de leur application à une base de données naturaliste.
- Organisation des réunions de travail communes et définition du calendrier. La SMF est chargée de l’organisation des réunions de travail au sein de la commission Environnement,
- . Participation conjointe aux réunions avec partenaires. Dans le cadre de réunions ou de manifestations organisées ou sollicitées par des tiers, AdoniF et la SMF y seront tous deux représentés a minima par leur représentant ou délégué respectif.
Rappel des rôles d’Adonif
- Porte le projet dit « Liste Rouge Nationale pour la Fonge », inclus dans le projet intitulé « FongiFrance – Base mycologique nationale », agréé par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire en 2018,
- Gère la base de données FongiBase, qui est une base de données « naturaliste » incluant notamment les données de dates et lieux d’observation d’espèces. FongiBase a pour objet d’intégrer l’ensemble des données disponibles sur le territoire au travers d’importations de bases partenaires nationaux. Ou d’association mycologiques partenaires Elle ouvre aux Associations mycologiques partenaires.
- Elle est responsable de l’intégrité des données consultables.
- Met en place les outils et traitements statistiques requis pour une pré-évaluation des données préalable au travail d’expertise de la SMF.
- Assure l’actualisation des noms et des synonymies des taxon via le référentiel Fongiref, partenaire de Taxref
- Réalise une page dédiée au projet Liste Rouge Nationale sur le site FongiFrance réservé aux personnes impliquées dans le projet
Cahier technique RNF sur la prise en compte de la fonge, et liste et ressources numériques associées par Yann Sellier (FAMO,RNF)
Le cahier technique est présenté par chapitre au travers d’un diaporama, sans entrer dans le détail de ce travail plus de 250 pages, réalisé en partenariat avec la Société Mycologique de France et ADONIF et en collaboration avec le CBNPMP et l’ONF (18 coauteurs). La page web d’accès aux outils numériques est présentée ainsi que ces contenus créés ou regroupés ici pour faciliter les études des mycologues.
Lien de téléchargement :
Lien outils numériques :
http://www.pearltrees.com/ressources_rnf/bao-rnf-fonge/id37409548
Mise à jour de l’indice patrimonial « Ip » ( Lecuru et Courtecuisse 2002), par Yann Sellier (FAMO, RNF)
Y. Sellier présente d’abord le mode de calcul actuel de l’Ip qui prend notamment en compte les espèces de catégorie 5, c’est à dire correspondant à la catégorie LC des listes rouges UICN (l’échelle de conversion des statuts ancienne/nouvelle liste rouge est présentée), et intègre une faible différence de points entre les catégories disparue (D) et les autres. Enfin, il apparait que toutes les espèces entrent en compte dans le diviseur du poids patrimonial brut.
Le mode de calcul ainsi présenté a l’inconvénient d’incrémenter les points en l’absence de patrimonialité (LC 1 pt), d’où
- une surestimation de l’indice ;
-
- le calcul n’est en fait pas en accord avec le principe même de l’indice ;
- une sous-estimation des points attribués à une espèce redécouverte (0/RE/EX) ;
- et donc une sous-estimation de la patrimonialité.
De plus, la prise en compte dans la division du poids patrimonial brute d’espèces non cotées ou NA dévalorise l’indice, surtout dans les sites où les listes sont anciennes, ou dans les zones à forte dynamique de connaissance. Ces espèces « DD », enfin, pourraient très bien être patrimoniales.
Une modification du calcul a donc semblé nécessaire, qui consiste à : mettre 0 point aux espèces LC, augmenter les points des espèces redécouvertes, et à retirer toutes les espèces non cotées dans la liste rouge en LC, NT, VU, EN, CR.
Pour confirmer l’intérêt ou non de ces évolutions, Y. Sellier montre des projections fondées sur des modèles itératifs et aléatoires permettant de montrer l’évolution de l’indice dans différentes conditions (augmentation de la patrimonialité, augmentation du nombre d’espèces… Il précise qu’un très faible nombre d’espèces (inférieur à 100) rend cet indice peu fiable. Enfin, il est rappelé que si cet indice donne vision sur une proportion d’espèces patrimoniales, le poids patrimonial brut reste sans doute le meilleur indicateur pour révéler la patrimonialité d’un site et le comparer à d’autres. Les différents éléments de calcul sont présents dans le cahier technique RNF, présenté précédemment.
Vers une liste d’espèces protégées en France par Yann Sellier (FAMO, RNF)
Y. Sellier informe que des travaux de mise à jour des listes d’espèces protégées flore sont en cours et que la fonge devrait apporter son lot d’espèces faisant l’objet d’une protection dans les deux années à venir. La méthodologie est en cours d’élaboration. Ce serait une excellente nouvelle pour la prise en compte de la fonge dans tous les plans et programmes, les études d’impacts… assurant une meilleure lisibilité de notre groupe taxinomique à différentes échelles.
Prise en compte des champignons par les Conservatoires Botaniques Yann Sellier (FAMO, RNF)
Le Décret N° 2021-762 du 14 juin 2021 relatif aux conservatoires botaniques nationaux (CBN) intègre désormais directement la prise en compte de la fonge dans ces conservatoires, avec différentes missions d’étude, d’expertises, de conservation concernant spécifiquement la fonge. Dans cette perspective, il permet aussi de préciser les éléments permettant une labélisation des CBN, des compétences fonge seront donc de facto nécessaires au sein des effectifs de ces établissements. Les sociétés mycologiques seront donc probablement sollicitées au cours des prochaines années, car les besoins en compétences sont réels. Ceci est de plus un signal très positif pour la mise en place de stratégie de connaissance des champignons.
Projet d’épitypification des macromycètes décrits de France métropolitaine par Bart Buyck (SMF)
Bart Buyck présente le Projet SMF qui a été soumis à l’INPN-MNHN en 2020, et approuvé par ce dernier. Son objectif est de Créer les conditions nécessaires à un inventaire fongique exhaustif en métropole.
Plus de 9000 taxons fongiques, décrits sur du matériel original récolté en métropole, sont répertoriés dans Mycobank, d’après le fichier que B. Buick a pu récupérer. Le projet propose de vérifier, pour les 6000 (environ) noms de macromycètes qui figurent dans ces 9000 taxons, l’existence d’un spécimen-type, de compiler les données publiées pour l’ensemble de ces types (récolteur, localité, date etc…) ainsi que d’élaborer une carte géographique de répartition par département. L’objectif final est de proposer une néo- ou épitypification quand, faute de matériel exploitable en vue d’une caractérisation moléculaire des espèces, celle-ci s’avère nécessaire.
Le séquençage rapide serait financièrement possible en 2022-2023 grâce à un autre projet MNHN porté par Marc-Andre Selosse & Bart Buyck, le projet FUNIF-COL (Code-barres moléculaire de référence pour les Fungi français en collections).
L’idée de ce projet INPN est une conséquence des conclusions d’un article récent :Hofstetter et al. 2019 : « The unbearable lightness of sequence-based identification » (Fungal Diversity DOI, 10.1007/s13225-019-00428-3), car précisément l’absence de séquences de référence, voire souvent même de matériel type de référence en herbier, pour la quasi-totalité (< 3%) des gros champignons en Europe a été identifiée comme l’obstacle majeur à tout inventaire moderne de champignons parce que :
- la rareté des séquences fiables accessibles – ou visibles – en ligne rend l’interprétation des séquences actuellement quasi impossible pour ceux qui ne sont pas experts en identification dans un groupe particulier
- Ces dernières années, l'INSDC (GenBank) a créé des bases de données pour " séquences types " des différents groupes d'organismes. La base « RefSeq Targeted Loci » (RTL) contient les séquences ITS pour les spécimens-types des champignons.
- Plus qu'une simple couverture des taxons fongiques par une ou plusieurs séquences, nous avons besoin d'une couverture des taxons fongiques par des séquences de référence soigneusement sélectionnées et fiables !
La compilation des données est donc la première étape, qui devra être suivie des opérations suivantes :
- Vérification / correction des données avant de leur mise en ligne sur le site de l’INPN
- Répartir la recherche et la collecte des mêmes espèces entre les associations et fédérations mycologiques ; ceci en fonction des localités et habitats à explorer pour les retrouver [ce qui sous-entend une grande expertise]
- Photographies, notes, prélèvements des tissus pour conservation en CTAB (distribution gratuite)
- Séquencer ces nouvelles récoltes (dorénavant devenues des spécimens de référence [épi- ou néo-types]) en vue de déposer ces séquences dans GenBank pour inclusion dans RefSeq
- Comparaison avec révisions et phylogénies déjà publiées
Point sur Mycoseq par Patrice Lainé (SMF)
Patrice Lainé dresse un rapide bilan de l’année 2020, qui s’est déroulée de façon très satisfaisante :
193 échantillons (pour 194 séquences), comprenant 190 basidiomycètes et 3 ascomycètes, ont été traités, pour le compte de 21 demandeurs. Seuls 27 échecs ont été constatés, dont 19 pour des échantillons de moins de 10 ans.
En réalité, le projet est même victime de son succès, et des arbitrages parfois difficiles doivent être fait, car l’offre est contingentée. En effet, il y a des « gros demandeurs » qui ont tendance, si on ne les limitait pas, à monopoliser les ressources. Ainsi 91 séquences ont été fournies au 3 plus gros demandeurs soit 47 % du total.
Or le projet est à vocation essentiellement pédagogique, destiné à inciter les mycologues amateurs à s’initier aux techniques d’analyse ADN. Les tarifs à prix coûtant proposés par le CEFE ne peuvent être entendus que dans ce sens, dans le cadre d’une offre forcément limitée.
Les sociétés mycologiques sont donc invitées à chercher des solutions alternatives similaires pour continuer à étendre l’apprentissage et la pratique de l’analyse ADN chez les amateurs.
Application INPN espèces par Patrice Lainé (SMF)
Patrice Lainé fait une démonstration sur écran de la procédure de détermination des champignons sur l’application « INPN espèces ». Cette application grand public, installable sur smartphone, permet en effet au promeneur ou au naturaliste de téléverser sur le site de l’application les photos d’espèces vivantes (animales, végétales ou fongiques) prises par smartphone à l’occasion de leurs promenades. Des experts passent en suite en revue les images et les déterminent quand cela est possible, ou valident les déterminations proposées, par l’interface « Détermin’obs ».
L’objectif de cette application est essentiellement promotionnel, afin d’inciter le grand public à observer les espèces de leur environnement, mais aussi ambitionne de récupérer les données issues de ces inventaires ponctuels, opportunistes. Les données validées par les experts sont en effet intégrées à la base nationale.
Les déterminations sont loin d’être toujours possibles, bien évidemment, car les caractères macroscopiques ne suffisent pas toujours pour aller jusqu’à l’espèce, sans mentionner les nombreux cas de photos de qualités insuffisantes. Il est toutefois possible de proposer une détermination plus approximative, au niveau du genre, ou de la famille (tous les niveaux hiérarchiques sont disponibles). L’application repose sur Taxref, et les problèmes de taxonomie ou de nomenclature (synonymies, etc..) sont gérés de façon transparente.
Détermin’obs est ouverte à tout mycologue avalisé par la SMF, qui accueillera volontiers tout volontaire pour participer à un projet qui connaît un succès croissant, tous règnes confondus.
Avancement du projet d'intégration de la fonge dans le suivi de la biodiversité adossé au Réseau de mesures de la qualité des sols par Claudy Jolivet (INRAE, SMF)
Le sol est un milieu vivant. L’abondance, la diversité et l’activité des organismes vivants que l’on y trouve (faune, fonge et flore) sont un des facteurs clés de sa qualité. Tous ces organismes et plus particulièrement les micro-organismes, bactéries et champignons, jouent un rôle primordial dans la formation des sols, leur fonctionnement et leur évolution.
Depuis le début des années 2000, le Réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS) a pour objectif d’évaluer et de suivre à long terme la qualité des sols de France métropolitaine et ultramarine (http://www.gissol.fr/le-gis/programmes/rmqs-34). Du fait de son extension et sa représentativité nationale, le RMQS pourrait servir de support au développement d’un réseau de surveillance de la biodiversité du sol (faune, microflore, fonge) et en lien direct avec le sol (flore). Dans le cadre d’une convention passée avec l’Office français de la biodiversité, l’INRAE est chargé de coordonner un projet visant à définir les caractéristiques de ce réseau : variables biologiques à mesurer et leurs protocoles, modalités d’acquisition des données et points à échantillonner, partenaires scientifiques et techniques pour l’acquisition des données, analyse et interprétation des variables, coûts et gouvernance.
L’intégration de données mycologiques dans les réseaux de surveillance environnementaux, notamment ceux qui s’intéressent à la qualité des sols, est encore peu développée. En France, le travail précurseur mené sur les placettes du réseau RENECOFOR illustre l’intérêt d’associer des inventaires mycologiques systématiques aux réseaux de surveillance. Par ailleurs, le développement récent et rapide des outils moléculaires permettant de caractériser la richesse et la diversité des microorganismes du sol à partir d’une extraction d’ADN rend désormais possible une évaluation et un suivi de la fonge sur de grands échantillons. Dans le cadre du projet de réseau de surveillance de la biodiversité du sol, nous envisageons d’associer la réalisation d’inventaires classiques, basés sur la présence des sporophores qui donnent accès à des données phénologiques, avec des analyses moléculaires qui permettent des inventaires quasi exhaustifs. Ces indicateurs fongiques pourraient être confrontés aux données pédologiques et environnementales collectées sur le RMQS, ce qui ouvrirait la porte à de nombreuses applications environnementales, en lien avec le changement climatique, les menaces qui s’exercent sur les sols et les habitats et la biodiversité fongique. Les analyses moléculaires sont en cours de réalisation sur les 2200 sites échantillonnés lors de la première campagne du RMQS (2000-2009) et seront reconduites sur les échantillons de la deuxième campagne RMQS en cours (2016-2027). En revanche, la mise en œuvre des inventaires classiques nécessiterait de construire un réseau qui mobiliserait l’ensemble des structures associatives mycologiques à l’échelle du territoire français.
Le Réseau de mesures de la qualité des sols
Organisation des premières Rencontres mycologiques de Centre Val-de-Loire en février 2022 par Claudy Jolivet (INRAE, SMF)
La région Centre - Val de Loire est riche d’un patrimoine mycologique encore insuffisamment connu et héberge seize structures possédant des compétences en mycologie (dont 14 associations) qui interagissent peu entre elles. Il n’existe par ailleurs aucune structure fédérative. Partant de ce constat, la Société d’histoire naturelle de Loir-et-Cher (SHN41) a lancé récemment avec le soutien du Conservatoire botanique national du Bassin parisien (CBNBP), une dynamique mycologique régionale. Cette dynamique a pour ambition de constituer un Réseau mycologique régional, qui permettrait de répondre aux enjeux actuels concernant la prise en compte de la fonge parmi les compartiments majeurs de la biodiversité. Les objectifs de ce réseau sont de :
- Construire un réseau régional visible et mobilisable de compétences en mycologie
- Favoriser les collaborations entre associations : organiser des sorties interdépartementales ou régionales, développer un réseau d’aide à la détermination et de soutien à l’organisation d’expositions, partager des ressources documentaires, des outils pédagogiques, etc.
- Redynamiser nos associations en renforçant nos liens avec la mycologie académique et officinale (relais après la formation initiale des étudiants) et en promouvant la montée en compétence de nos membres
- Construire un portail mycologique et une base de données régionale mobilisable pour des applications régionales (atlas régional, révision de la liste rouge régionale par ex.) et pour alimenter la base de données mycologique nationale (ADONIF) et le SINP du MNHN
- Promouvoir la mycologie dans les inventaires de biodiversité et sur les sites protégés de la région (CEN, ZNIEFF, RN, etc.) en s’appuyant sur les approches de la mycologie environnementale (cf. Cahier RNF 2021)
- Organiser des Rencontres mycologiques bisannuelles
Les premières Rencontres mycologiques Centre - Val de Loire se tiendront le Samedi 26 février 2022, à Blois, dans l’auditorium de la bibliothèque Abbé Grégoire. Elles sont organisées par la SHN41, le CBNBP et le réseau des muséums de la région Centre - Val de Loire (REMUCE), avec le soutien financier du Muséum national d’histoire naturelle.
CLOTURE : EVALUATION ET PROCHAINE SESSION
Les participants qualifient de fructueuse cette session, riches en communications variées. Les dates auxquelles elle s’est déroulée sont clairement préférables à la période printanière jusqu’alors retenue, et l’assemblée s’accorde pour continuer à convoquer la CAFAM début septembre. Il est même décidé d’allonger la durée du séjour d’une journée, sous forme d’option, afin de permettre de prolonger les échanges sur le terrain ; le mois de septembre, dans cette région pouvant s’avérer propice.
Date de dernière mise à jour : 03/12/2024